Destitution de Yoon Suk-yeol : La Corée du Sud en pleine crise politique

Le président de la Corée du Sud, Yoon Suk-yeol, a été officiellement destitué. La Cour constitutionnelle a confirmé vendredi à l’unanimité cette décision, quatre mois après sa tentative d’imposer la loi martiale. Cette décision entraîne immédiatement la chute de Yoon Suk-yeol, qui était jusqu’alors suspendu. Une élection présidentielle anticipée sera organisée sous 60 jours.

Le chef de l’opposition, Lee Jae-myung, favori des sondages, a salué cette éviction. Il accuse Yoon Suk-yeol d’avoir menacé le peuple et la démocratie. La Cour a estimé que les actions de Yoon avaient violé les principes fondamentaux de l’État de droit et de la gouvernance démocratique. Yoon a mobilisé les forces militaires et policières pour empêcher l’Assemblée nationale d’exercer son autorité. Cette décision a également violé la neutralité politique des forces armées.

La Cour a souligné que les actes inconstitutionnels et illégaux de Yoon trahissaient la confiance du peuple. Ils constituent une violation grave de la loi, intolérable du point de vue de la protection de la Constitution. Après le verdict, toutes les installations militaires ont reçu l’ordre de décrocher les portraits de Yoon. Ce dernier a exprimé ses regrets dans un bref communiqué, affirmant avoir le cœur brisé de ne pas avoir répondu aux attentes.

Des milliers de manifestants anti-Yoon s’étaient rassemblés pour écouter la lecture de l’arrêt. Les acclamations ont été fortes lorsque la destitution a été prononcée. Kim Min-ji, 25 ans, a raconté à l’AFP que les citoyens avaient gagné. La décision de la Cour témoigne de la résilience de la démocratie sud-coréenne. Le système n’a pas effondré, suggérant que la démocratie peut survivre même à une tentative de coup d’État.

Des manifestants pro-Yoon se sont également rassemblés à Séoul. Certains ont proféré des appels au meurtre des juges. Un manifestant a été arrêté pour avoir tenté d’attaquer un fourgon de police. Le verdict était très attendu dans un pays ultrapolarisé, encore sidéré par le coup de force raté de Yoon en décembre. Depuis le début de l’année, au moins deux partisans de Yoon se sont immolés par le feu pour protester contre son sort.

Élu en 2022, Yoon n’a jamais disposé de la majorité au Parlement. Il a dévalé la pente de l’impopularité jusqu’à sa proclamation surprise de la loi martiale. Dans un Parlement cerné par des soldats, des élus ont voté à l’unanimité un texte exigeant l’abrogation de la loi martiale. Yoon a toujours soutenu que cette mesure était nécessaire pour repousser les forces nord-coréennes et éliminer les éléments hostiles à l’État. Il s’est dit victime d’une dictature parlementaire.

Yoon a également été mis en accusation pour insurrection, un crime passible de la peine de mort. Arrêté en janvier et placé en détention provisoire, il a été remis en liberté le 8 mars pour vice de procédure. Son procès pénal s’est ouvert en février à Séoul. L’annonce de la décision de la Cour a fait craindre des débordements. Les environs du palais de justice ont été hermétiquement bouclés. Plusieurs ambassades ont recommandé à leurs ressortissants d’éviter le secteur. En 2017, quatre personnes étaient mortes dans les heurts suivant la destitution de Park Geun-hye.

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