Un projet d’attentat misogyne avorté : la radicalité des “incels” frappe la France

C’était une journée d’examen ordinaire, ce lundi 1er juillet 2025, dans la Loire, jusqu’à ce qu’un jeune homme de 18 ans soit interpellé non loin d’un lycée. Il portait sur lui plusieurs couteaux. L’événement, en apparence isolé, puise pourtant ses racines dans un phénomène aussi insidieux que transnational : la mouvance “incel”, contraction de involuntary celibate (“célibataire involontaire”), déjà responsable de tueries au Canada ou aux États-Unis. L’enquête, confiée à la police judiciaire et au parquet national antiterroriste, a très vite révélé que le suspect, se réclamant de cette idéologie masculiniste, envisageait de cibler spécifiquement des femmes.

Cette volte-face s’explique par la capacité d’Internet à devenir un incubateur de haine ciblée. Les “incels”, qui se définissent comme marginalisés affectivement, trouvent dans certains forums un écho amplifié à leur ressentiment. Ce jeune homme, solitaire et sans antécédents judiciaires, aurait mûri son projet dans l’ombre numérique de ces communautés où l’isolement social se transforme en programme idéologique. La France, jusqu’ici épargnée par les attaques meurtrières de cette mouvance, découvre brutalement l’enracinement possible de cette haine misogyne sur son propre sol. Les forces de l’ordre, saluées pour leur rapidité d’action, n’en ont pas moins révélé l’ampleur du danger latent.

La brutalité de ce revirement interroge autant que l’idéologie qui l’a nourri. “Il aurait pu passer à l’acte dans les jours suivants”, a confirmé une source judiciaire à l’AFP, soulignant le degré de préparation avancé de l’individu. Le mobile, assumé comme misogyne, oblige à penser autrement la menace terroriste. Elle ne se pare plus nécessairement de revendications religieuses ou séparatistes : elle peut se tapir dans des sphères idéologiques déconnectées du réel mais galvanisées par l’anonymat des plateformes numériques. À l’heure où la France tente de lutter contre toutes les formes de radicalisation, celle-ci, genrée et ultra-ciblée, ouvre une brèche inquiétante dans les dispositifs de prévention existants.

“Une haine algorithmique et genrée”

Qui peut croire que ce jeune homme soit un cas isolé, quand des milliers d’adeptes du mouvement “incel” prolifèrent en ligne, souvent sans modération, échangeant des fantasmes de vengeance et des listes de cibles ? Que ferait l’école si ces idéologies pénétraient ses murs ? Comment détecter un passage à l’acte dans des bulles numériques fermées, où l’algorithme renforce l’endoctrinement au lieu de le tempérer ? Et que penser d’une société où le simple fait d’être une femme peut faire de vous une cible ?

Quelques jours plus tôt, on célébrait encore les progrès de l’égalité femmes-hommes. Aujourd’hui, cette affaire jette une lumière crue sur une idéologie qui, loin de s’éteindre, mute et se répand comme un virus social. Les filets de la vigilance policière ont permis d’éviter le pire — cette fois. Mais les courants souterrains de cette radicalité continuent de ramper sous les pieds de la République, obscurcissant l’horizon au lieu de l’éclairer.

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