Des milliers d’hectares défoliés dans le Var : le Bombyx disparate inquiète


Un choc visuel dans les forêts du Var
La semaine dernière, les forêts du Massif des Maures ont brusquement changé de visage. En quelques jours, près de 1 200 hectares autour de Bormes-les-Mimosas ont été dénudés par une invasion de chenilles du Bombyx disparate, un papillon de nuit à la voracité bien connue. Le phénomène, spectaculaire, donne aux arbres un aspect calciné.

Depuis plusieurs années, les spécialistes forestiers surveillaient discrètement cette espèce. Ils redoutaient une poussée brutale de population, déjà observée par le passé dans d’autres régions françaises. Ce printemps humide et doux a offert des conditions idéales pour sa prolifération.


Une défoliation massive mais naturelle

Le Bombyx disparate, ou Lymantria dispar, est une espèce invasive dont les chenilles raffolent des feuilles de chênes, hêtres ou bouleaux. En phase de pic, elles peuvent dévorer en quelques jours la canopée entière d’un massif forestier.

Lymantria dispar

Les conséquences visuelles sont impressionnantes. Les arbres, privés de feuillage, ressemblent à des silhouettes hivernales. Mais selon l’INRAE, ces défoliations, bien que soudaines, ne compromettent pas à long terme la survie des arbres. « Les feuillus savent réagir. Ils reconstituent leur feuillage dès que la pression baisse », expliquait un chercheur cette semaine.

Une dynamique cyclique connue des experts

Ce n’est pas la première apparition de l’espèce dans la région. La population de Bombyx disparate évolue par cycles, alternant phases de pullulation et déclins. Les années de pics sont suivies de régressions naturelles, dues à l’action combinée des prédateurs, parasites et maladies fongiques.

La sécheresse, en revanche, pourrait perturber cette capacité de régénération. Si la canicule venait à frapper le Var, les arbres affaiblis pourraient moins bien repousser leurs feuilles.

Une surveillance continue mais mesurée

Les services de l’ONF suivent de près l’évolution de l’invasion. Des observations au sol et par drone permettent de cartographier les zones défoliées. Les traitements chimiques ne sont pas à l’ordre du jour. La priorité est donnée à la régulation biologique.

Le recours à des bactéries naturelles comme Bacillus thuringiensis est envisagé si la pression devenait trop forte dans les zones sensibles, proches des habitations ou des essences rares.

Pas de panique : la biodiversité reste préservée

Les spécialistes se veulent rassurants. La biodiversité n’est pas menacée à court terme. L’effet est surtout visuel. Les chenilles s’attaquent principalement aux feuilles, sans toucher aux troncs ni aux racines.

Certaines espèces animales profitent même de cette abondance de proies. Les mésanges, par exemple, peuvent nourrir plus abondamment leurs nichées pendant ces périodes.

Une population vigilante, mais peu informée

Les promeneurs et habitants de la région ont été surpris par l’ampleur du phénomène. Peu d’informations avaient circulé avant l’apparition massive des chenilles. Plusieurs témoignages font état d’inquiétudes concernant la santé des forêts et d’interrogations sur l’inaction apparente des pouvoirs publics.

Les services forestiers rappellent qu’il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau et qu’il fait partie des cycles naturels. Ils appellent à ne pas intervenir soi-même pour éviter les déséquilibres.

L’urgence climatique en toile de fond

Si la situation reste sous contrôle, certains forestiers alertent sur les risques à long terme. Le réchauffement climatique, en modifiant les équilibres saisonniers, pourrait favoriser une multiplication plus fréquente de ces pics de population.

Des forêts affaiblies, soumises à des stress multiples, pourraient ne plus avoir la résilience suffisante pour se remettre seules, surtout si les épisodes de défoliation se répètent.


Que peut faire le grand public ?

Il est recommandé de ne pas toucher les chenilles, qui peuvent provoquer des réactions allergiques. En cas d’observation massive, il est conseillé d’alerter les autorités forestières locales. Des gestes simples, comme la préservation de la biodiversité dans les jardins, peuvent également renforcer la présence de prédateurs naturels.

Avez-vous observé des arbres « brûlés » dans votre secteur ? La prolifération du Bombyx disparate vous inquiète-t-elle ? Témoignez en commentaire

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