Pale Rider: Une mythologie américaine

Pale Rider (1985) de Clint Eastwood réunit tous les ingrédients du western classique. Mais au-delà de ses duels et vastes paysages, il s’inscrit dans une tradition bien plus large : celle du mythe américain. Pour ce mois d’avril, explorons ensemble ce territoire cinématographique fascinant.

Le réverant de Pale Rider, joué par Clint Eastwood
Pale Rider (1985), par Clint Eastwood

Des personnages archétypaux et un héros sans nom

Pas besoin d’avoir vu Docteur Quinn pour reconnaître la galerie de personnages d’un bon western : la brute sans scrupule mais apparemment invincible, les prostituées et les taverniers, les chercheurs d’or, et bien sûr, le héros solitaire qui traverse ces terres hostiles en redresseur de torts.

Le Révérend de Pale Rider incarne parfaitement cette figure mythique : un homme venu de nulle part, porteur d’une justice implacable, et qui disparaît sans laisser de trace. Son passé reste flou, son avenir incertain, mais son passage est décisif. Un archétype, certes, mais un archétype efficace.

Clint Eastwood et Sydney Penny à cheval
Et bien sûr, une jeune fille innocente et d’une beauté inégalable, comme Megan Wheeler (Sydney Penny)

Une mythologie américaine

Chaque civilisation possède ses propres mythes fondateurs. Si nous pensons souvent aux récits gréco-romains ou à la mythologie nordique — largement popularisée par Marvel avec sa vision de Thor —, les États-Unis, en tant que nation jeune, ont dû construire les leurs.

De nombreux cinéastes et théoriciens, à l’image de Peter Bogdanovich, ont étudié le western comme l’un des piliers de cette mythologie nationale. L’Amérique avait besoin d’un héros incarnant son idéal : courageux, solitaire, garant de l’honneur. Le cow-boy s’impose alors comme une figure parfaite, transformant les villes en déshérence en communautés prêtes à embrasser la civilisation. Comme le résume Clint Eastwood :

« Le western, c’est l’histoire d’un homme qui se bat contre son passé pour construire l’avenir. »

Cependant, ce mythe repose aussi sur un besoin de justification : celui de la conquête de l’Ouest. Derrière l’image du cow-boy se cache la volonté d’adoucir ou de masquer les violences de la colonisation.

Des paysages à couper le souffle

Si l’identité est au cœur du western, alors le paysage en est l’écho visuel. Pale Rider ne déroge pas à la règle : de vastes plaines, des montagnes escarpées et des horizons infinis renforcent le sentiment d’une nature à la fois menaçante et porteuse d’espoir.

Le Reverant, prêt au duel
Les paysages sont un personnage à part entière

Ce lien profond entre terre et identité a été analysé par Anne Cauquelin, philosophe et théoricienne de l’art. Dans L’Invention du paysage (PUF, 2000), elle explique :

« Par la fenêtre, je vois donc quelque chose de la nature, prélevé sur la nature, découpé dans son domaine. Le paysage n’est autre chose que la présentation culturellement instituée de cette nature qui m’enveloppe. »

Autrement dit, notre perception des paysages n’est jamais neutre : elle est modelée par notre culture. Pour un spectateur, le Far West ne se résume pas à une région géographique, mais à un espace mythique, où chaque canyon et chaque rivière résonnent comme des symboles d’aventure et de défi.

Les lois du Far West… ou presque

Derrière ses vastes espaces et son apparente anarchie, le western suit un code d’honneur rigoureux.

Ce n’est pas un hasard si l’un de ses motifs les plus iconiques est le duel en pleine rue : ce rituel codifié marque l’affrontement entre deux visions du monde. Les héros respectent des principes immuables — devoir, honneur, travail —, tandis que les antagonistes incarnent souvent la corruption d’un monde en mutation.

Dans Pale Rider, Josh LaHood (Chris Penn) représente cette décadence venue du Nouveau Monde : un homme avide, prêt à tout pour asseoir sa domination. Face à lui, le Révérend ne se contente pas de le combattre : il rétablit un ordre perdu.

Gare à vous, Mister Josh LaHood !

Et s’il n’y avait pas qu’une seule façon de faire des westerns ?

Si les westerns classiques reposent sur des codes bien établis — du héros solitaire aux habitants apeurés refermant leurs volets au bruit des balles —, certains cinéastes n’ont pas hésité à les détourner.

Savez-vous qu’il existe plusieurs sous-genres du western ? Et non, je ne parle pas (encore) des westerns spaghettis… Rendez-vous la semaine prochaine pour en découvrir davantage !

Le Révérant, incarné par Clint Eastwood
Le Révérand, incarné par Clint Eastwood

A propos de Pale Rider :

Disponible au prêt à la médiathèque Chalucet.


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