Carles Puigdemont, figure-clé du séparatisme catalan, fascine autant qu’il divise. Depuis son départ précipité d’Espagne en 2017, l’ancien président de la Generalitat entretient une stratégie faite d’annonces spectaculaires et de mouvements calculés. Malgré une présence physique hors d’Espagne, il n’a jamais quitté le débat politique. Son dernier coup de théâtre : l’annonce, en août 2024, de son intention de revenir à Barcelone. Faut-il y croire cette fois ?
De maire à exilé : un itinéraire sous tension
L’ascension de Puigdemont débute dans la presse, avant qu’il ne devienne maire de Gérone. En 2016, il prend les rênes de la Catalogne à la faveur d’un compromis politique. Le 1er octobre 2017, il organise un référendum interdit sur l’indépendance. Vient alors la déclaration unilatérale du 27 octobre. Madrid réagit fermement : destitution, activation de l’article 155 de la Constitution, et ouverture de poursuites pour rébellion et malversation. Puigdemont prend la fuite.
Bruxelles comme base arrière politique
Installé en Belgique depuis 2017, Puigdemont est devenu une énigme judiciaire. Mandats d’arrêt européens, tensions diplomatiques, procédures lentes : sa situation défie les logiques traditionnelles. Son arrestation en Allemagne en 2018, suivie d’un refus d’extradition pour rébellion, a souligné les limites de la coopération judiciaire européenne. Il conserve alors un rôle de leader à distance.
L’immunité européenne, un écran temporaire
Élu eurodéputé en 2019, il bénéficie un temps de l’immunité parlementaire. Mais en 2023, le Tribunal de l’Union valide sa levée. Une victoire pour Madrid. Le juge Llarena relance alors les poursuites avec de nouveaux mandats. Puigdemont contre-attaque en déposant un recours. Entre délais procéduraux et différends juridiques, le temps joue toujours en sa faveur.
Août 2024 : une annonce de plus ?
Début août 2024, Puigdemont annonce vouloir assister à l’investiture du socialiste Salvador Illa au Parlement catalan. Certains y voient une nouvelle provocation, d’autres un geste de réintégration politique. Comme souvent, l’annonce ne se matérialise pas. Ce scénario, déjà vu, alimente une forme de « rituel politique » où le retour annoncé devient un outil de communication.
Toujours leader à distance
Depuis 2024, Puigdemont préside Junts per Catalunya. Malgré la distance, il reste influent. Il incarne la continuité d’un mouvement indépendantiste affaibli, mais vivant. Ses messages sur les réseaux sociaux, ses interventions à distance, et son aura auprès de certains électeurs maintiennent sa visibilité.
Une justice européenne à plusieurs vitesses
Le cas Puigdemont met en lumière les divergences d’interprétation entre États membres. L’Espagne veut le juger, mais chaque pays européen évalue différemment les faits reprochés. La Belgique, l’Allemagne ou encore l’Italie se montrent prudents, parfois sceptiques. Résultat : un enlisement juridique qui s’éternise.
Une amnistie, mais pour qui ?
Madrid a récemment ouvert le débat sur une éventuelle amnistie des acteurs du processus indépendantiste. Une initiative contestée. Pour Puigdemont, le problème reste le chef d’accusation de malversation, souvent exclu des mesures d’amnistie. Son retour reste donc juridiquement risqué. Il le sait, et ajuste ses annonces en fonction du contexte.
Un retour qui reste suspendu
À l’été 2025, Puigdemont n’est toujours pas revenu. Mais son exil alimente un feuilleton politico-judiciaire qui symbolise les fractures profondes entre Madrid et Barcelone. Plus qu’un simple homme politique, il est devenu le symptôme d’une crise non résolue. Son « éternel retour » n’est peut-être pas un projet concret, mais une tactique durable.
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