En février 2017, à la veille d’une campagne présidentielle décisive, le « Penelopegate » surgissait comme un coup de tonnerre, révélant une pratique longtemps tue : l’usage contestable des fonds publics pour rémunérer des proches. Huit ans plus tard, le 17 juin 2025, la cour d’appel de Paris a condamné François Fillon à quatre ans de prison avec sursis, 375 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité. L’ancien Premier ministre vient pourtant, une fois encore, de former un pourvoi en cassation, relançant une saga judiciaire dont le dénouement semble se dérober à mesure qu’il approche.
Cette volte-face s’explique par la stratégie de défense inlassable menée par l’ex-candidat à la présidentielle, déterminé à contester jusqu’au bout ce qu’il estime être une injustice. La Cour de cassation avait déjà tranché en 2024 : la culpabilité de François Fillon pour détournement de fonds publics ne faisait plus débat, seule la peine restait à réévaluer. C’est sur ce point que l’homme politique joue désormais ses dernières cartes, invoquant à nouveau un « manque de procès équitable », une ligne défensive rejetée à plusieurs reprises par les juridictions françaises. Penelope Fillon, elle aussi, s’accroche à l’espoir d’une révision, mais uniquement sur les dommages et intérêts, sa propre condamnation étant définitive.
La brutalité de ce revirement interroge sur la portée réelle de la justice républicaine face aux puissants. « Je ne me bats pas pour mon image, mais pour un principe fondamental : l’impartialité du procès », a récemment déclaré François Fillon, dans une interview discrètement donnée à un média confidentiel. Mais cette affirmation peine à masquer les fractures creusées entre le pouvoir judiciaire et les élites politiques. Car au-delà du cas individuel, c’est la perception d’une justice à deux vitesses qui inquiète l’opinion. La saisine de la Cour européenne des droits de l’homme, bien que suspendue à l’épuisement des recours internes, confirme la volonté de prolonger une affaire qui, à bien des égards, dépasse le simple cadre pénal.
« Un acharnement judiciaire ou une exigence démocratique ? »
Qui peut croire que cette persistance procédurale ne masque pas une volonté d’effacement symbolique ? Que ferait un citoyen ordinaire confronté à une condamnation similaire ? Comment continuer à défendre l’exemplarité publique quand d’anciens dirigeants refusent la sentence prononcée au nom du peuple français ? Et surtout, que reste-t-il de la légitimité démocratique lorsque la verticalité du pouvoir se heurte aux verdicts d’une justice indépendante ?
Quelques jours plus tôt, d’autres responsables politiques mis en cause ont, eux, choisi le silence et la discrétion. Cette obstination judiciaire de François Fillon, loin d’éclairer les principes de notre République, obscurcit l’horizon au lieu de l’éclairer. Source 1 Source 2 Source 3