Comment un leader révolutionnaire a-t-il basculé dans l’autoritarisme et la controverse ?
Un militantisme teinté de controverse
Gerry Healy, né en Irlande le 3 décembre 1913, reste une figure marquante et divisée du trotskisme britannique. Pour ses partisans, il incarne un révolutionnaire infatigable ayant dédié plus de cinquante ans à la lutte des classes. Pour ses détracteurs, il symbolise l’abus de pouvoir, mêlant autoritarisme, manipulation et scandales.
Dès les années 1930, Healy s’illustre en militant actif au sein de la Workers’ International League (WIL). Malgré des débuts prometteurs, ses méthodes autoritaires et son refus du consensus provoquent des tensions internes. En 1959, il fonde la Socialist Labour League (SLL), qui deviendra en 1973 le Workers’ Revolutionary Party (WRP). Ces organisations, bien que porteuses des idéaux trotskistes, s’avèrent des espaces où Healy impose un contrôle rigide et sans concession.
Un dirigeant aux méthodes brutales
Healy exigeait une loyauté absolue de ses partisans. La moindre dissidence était réprimée par des mesures administratives drastiques, voire des violences physiques. Il instaurait une atmosphère de peur au sein du WRP, où les membres étaient soumis à une discipline stricte et à des exigences financières importantes.
Cette gestion autoritaire a conduit à plusieurs scissions, notamment le départ d’un groupe de 200 militants menés par Alan Thornett en 1974. Le WRP, autrefois influent, a peu à peu perdu sa crédibilité, éclipsé par d’autres organisations comme la Militant Tendency de Ted Grant.
Des alliances douteuses et des scandales financiers
L’apogée du WRP coïncide avec des financements dont l’origine suscite de nombreuses interrogations. Healy entretient des liens avec des régimes controversés, notamment ceux de Mouammar Kadhafi en Libye et Saddam Hussein en Irak. Ces relations, mêlant espionnage et financement occulte, ternissent l’image du parti.
En 1985, Healy est expulsé du WRP. Les accusations sont lourdes : abus sexuels sur des militantes, relations financières douteuses et espionnage pour des régimes autoritaires. Ces révélations marquent la chute définitive de celui qui fut autrefois un pilier du trotskisme britannique.
Un héritage divisé
Après son expulsion, Healy tente de rebondir en fondant le Marxist Party en 1987. Ce dernier, marginalisé, soutient des idées jugées incohérentes, comme l’éloge de Mikhaïl Gorbatchev. Healy meurt en 1989, laissant derrière lui un héritage complexe : celui d’un révolutionnaire brillant mais profondément controversé.
Les leçons d’une figure polarisante
La trajectoire de Gerry Healy illustre les dérives possibles d’un militantisme aveugle. Ses excès ont non seulement fragilisé le mouvement trotskiste, mais aussi infligé de lourds dégâts à ceux qui croyaient en ses idéaux.
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