Dividendes record pour la famille Mulliez : des syndicats sous le choc
L’annonce a fait l’effet d’une bombe. Vendredi, les syndicats de Décathlon ont appris que l’enseigne de sport, fleuron de la galaxie Mulliez, allait verser un milliard d’euros de dividendes à son principal actionnaire, l’Association Familiale Mulliez (AFM). Ce montant, sans précédent dans l’histoire de l’entreprise, a suscité une vive indignation.
La CFTC, syndicat majoritaire, a fustigé cette décision via les réseaux sociaux, dénonçant un « manque d’investissement dans les négociations seniors, les mutuelles ou les NAO (négociations annuelles obligatoires) » en faveur de ce qu’elle appelle un « ponctionnement massif au profit des actionnaires familiaux ». De son côté, la CFDT s’est dite « sous le choc » après cette annonce lors d’un comité de groupe.
Auchan et Décathlon : un contraste saisissant
Cette décision intervient dans un contexte tendu pour le groupe Mulliez. L’autre poids lourd de son portefeuille, Auchan, fait face à une crise économique sans précédent. Avec un plan social menaçant 2 389 emplois, la fermeture d’une dizaine de magasins et de trois entrepôts, la situation est critique.
Pour de nombreux observateurs, cette redistribution massive de réserves au sein de Décathlon est difficile à justifier alors qu’Auchan traverse de graves turbulences. La CFDT a même suggéré que des solutions de reclassement pour les employés touchés par ce plan social soient étudiées au sein des autres enseignes de l’AFM, comme Leroy Merlin ou Kiabi.
L’empire Mulliez : une gestion controversée
L’AFM, souvent décrite comme une « galaxie d’entreprises », regroupe des marques bien connues telles que Boulanger, Flunch, Norauto ou encore Kiabi. Contrairement à un groupe structuré, cette entité repose sur des intérêts communs entre ses membres.
Cependant, les critiques envers sa gestion se multiplient. Bertrand Gobin, auteur du livre La face cachée de l’empire Mulliez, souligne une opacité dans la manière dont l’argent public et les réserves internes sont utilisés. Récemment, Leroy Merlin a également procédé à une rupture conventionnelle collective ayant entraîné le départ de 130 salariés de son siège à Lezennes, renforçant les tensions sociales.
Pimkie : une lueur d’espoir dans une situation tendue
À l’inverse, l’enseigne de prêt-à-porter Pimkie, autrefois détenue par l’AFM, semble amorcer un renouveau. Placée en procédure de sauvegarde en mai 2024, elle a obtenu un répit grâce à un plan de continuation validé par le tribunal de commerce de Lille Métropole. Sous la houlette de son nouveau PDG et actionnaire unique, Salih Halassi, Pimkie ambitionne un retour à la rentabilité d’ici 2026.
Pourtant, cette relance met en lumière la difficulté des enseignes Mulliez à maintenir une dynamique collective. Pimkie, désormais indépendante, cherche à tirer son épingle du jeu dans un secteur en crise, contrairement à des marques comme Auchan, toujours dépendantes de la stratégie globale du groupe familial.
Une commission d’enquête en perspective ?
Face à ces contrastes marqués et aux tensions sociales, la CFDT a appelé les parlementaires à créer une commission d’enquête pour examiner l’utilisation des fonds publics par les enseignes Mulliez. L’objectif est de mieux comprendre les décisions financières, notamment le versement de ce milliard d’euros par Décathlon.
Cette démarche souligne les questions qui se posent sur la gouvernance de l’AFM et sa capacité à équilibrer les intérêts des actionnaires, des employés et des consommateurs.
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