Élections controversées en Géorgie : la démocratie en péril ?
Le réveil tumultueux d’une nation au carrefour de l’Europe et de la Russie
Lundi soir, 28 octobre, la présidente géorgienne Salomé Zourabichvili s’est adressée à une foule rassemblée à Tbilissi pour dénoncer des élections législatives qu’elle accuse d’être entachées de fraudes. Ses mots sont forts : « Ils ont volé votre vote ; ils essaient aussi de vous voler votre avenir. » Son message résonne parmi les Géorgiens pro-européens, confrontés à une autorité électorale souvent perçue comme manipulée par le parti dominant prorusse, Le Rêve géorgien. Ce parti, fondé en 2012 par le milliardaire Bidzina Ivanichvili, se maintient au pouvoir malgré une vague de critiques internes et internationales.
Un scrutin aux résultats contestés : un avenir incertain
Les résultats officiels attribuent environ 54 % des suffrages au Rêve géorgien, face à 38 % pour les partis pro-européens unis. Les observateurs de l’Union européenne ont dénoncé des irrégularités significatives, allant de l’intimidation des électeurs aux discours de haine ciblés. Antonio López-Istúriz White, observateur européen, a qualifié le scrutin de « marécage politique » marqué par la violence et la répression. Ce climat tendu expose les défis d’une nation oscillant entre aspirations démocratiques et autoritarisme grandissant.

Ivanichvili et Le Rêve géorgien : un glissement idéologique
Le Rêve géorgien incarne, aux yeux de nombreux Géorgiens, une trahison des valeurs européennes qui avaient initialement orienté le parti vers une social-démocratie engagée. Aujourd’hui, ce parti revendique une position conservatrice, marquée par des valeurs pro-russes, une ligne dure contre les minorités et des discours anti-européens. Le spectre de la loi anti-ONG, promulguée en mai 2024, incarne cette dérive autoritaire. Calquée sur la législation russe, cette loi vise à réduire au silence les voix critiques financées par l’étranger, notamment celles des ONG et groupes de la société civile.
La menace d’une méthodologie russe de fraude électorale
Selon des sources de l’opposition, la fraude électorale en Géorgie suit une « méthodologie russe ». Les témoignages incluent des intimidations, des bulletins de vote préremplis en faveur du Rêve géorgien et l’expulsion d’observateurs des bureaux de vote. Ces pratiques rappellent les procédures autoritaires observées dans certaines régions russes où les scores en faveur du pouvoir atteignent des sommets démesurés.
Des sondages effectués avant les élections révélaient une popularité bien moindre pour le Rêve géorgien, oscillant entre 33 et 36 % d’appuis, tandis qu’un institut proche du gouvernement, GORBI, évaluait ce soutien à 55 %. L’écart entre les chiffres officiels et les données sondagières soulève ainsi des doutes profonds sur l’intégrité du processus électoral.
La Géorgie, une cible pour Moscou ?
Les enjeux géopolitiques de cette crise sont d’une ampleur considérable. Vladimir Poutine n’a jamais caché son ambition de reconstituer une zone d’influence dans l’espace post-soviétique. La Géorgie, petit pays du Caucase de 3,9 millions d’habitants, se trouve donc au cœur de ce projet de domination. Le pays partage cette situation difficile avec la Moldavie, l’Ukraine et le Bélarus, tous confrontés à la pression russe.
Avec un taux d’adhésion à l’Union européenne qui reste élevé – 80 à 85 % selon certains sondages –, la population géorgienne se sent tiraillée entre un avenir européen et le retour dans l’orbite russe. Cette orientation divise la nation, où une large majorité considère encore Moscou comme une menace. Cependant, les discours du Rêve géorgien sur la « sécurité nationale » et le maintien d’une amitié stratégique avec la Russie continuent d’attirer une part non négligeable de l’électorat.
Les facteurs d’un soutien inattendu pour le Rêve géorgien
Trois éléments expliquent ce soutien. D’abord, le discours ambivalent du Rêve géorgien, qui assure une position favorable à l’Europe tout en prônant la prudence vis-à-vis de la Russie. Ensuite, un conservatisme marqué sur les valeurs familiales et sociales, qui trouve écho dans les zones rurales du pays. Enfin, le « chantage à la guerre » : le Rêve géorgien utilise l’exemple ukrainien pour illustrer les dangers de l’opposition à Moscou, en brandissant la menace d’une guerre si la Géorgie refuse le partenariat avec la Russie.
Le pouvoir d’Ivanichvili est consolidé par une combinaison d’argent et d’influence politique. Avec une fortune représentant près de 20 % du PIB géorgien, l’oligarque peut aisément influencer l’issue des scrutins et garantir sa domination, tout en attisant la peur d’un conflit pour peser sur les choix des électeurs.
La Géorgie, ce n’est pas seulement de la politique et des tensions.
Un Vivier de Talents Rugbystiques pour la France ?
La Géorgie, située au carrefour stratégique de l’Europe et de la Russie, voit ses liens avec la France renforcés chaque année, notamment dans le domaine du rugby. Les joueurs géorgiens, réputés pour leur puissance physique et leur discipline, s’imposent comme des piliers essentiels dans les équipes françaises, évoluant dans le prestigieux Top 14 et la Pro D2.
Davit Niniashvili :
Beka Gigashvili :
Guram Papidze :
Beka Gorgadze :
Gela Abzhandadze :
Vasil Lobzhanidze :
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