Scandale des eaux en bouteille : Foodwatch relance la bataille judiciaire contre Nestlé et Sources Alma

Nestlé et Cristaline en ligne de mire : une fraude cachée pendant des décennies ?

Foodwatch contre-attaque : une nouvelle plainte déposée à Paris

Mercredi 25 septembre 2024 marque un tournant décisif dans l’affaire des eaux minérales en bouteille. L’ONG Foodwatch, spécialisée dans la défense des droits des consommateurs, a déposé une plainte avec constitution de partie civile à Paris, visant à relancer l’instruction contre Nestlé Waters et le groupe Sources Alma (producteur de Cristaline, St-Yorre, Vichy Célestins). Ce dépôt fait suite à la signature d’un accord entre Nestlé et le tribunal judiciaire d’Épinal, qui avait permis à la multinationale suisse d’éviter des poursuites pénales contre une amende de 2 millions d’euros.

Cet accord, dénoncé par Foodwatch, a mis un terme à une enquête préliminaire portant sur des pratiques illégales de purification des eaux minérales des marques Vittel, Contrex et Hépar dans les Vosges. Pour l’ONG, cet accord ressemble à une « transaction financière », laissant « sous le tapis » les pratiques de désinfection interdites qui pourraient avoir des implications mondiales.

Enquête sur des traitements interdits : quelles révélations ?

Le scandale des eaux minérales en bouteille avait éclaté en janvier 2024, avec des révélations de Radio France et du journal Le Monde. Pendant plusieurs années, Nestlé Waters et le groupe Sources Alma auraient utilisé des systèmes de désinfection interdits par la réglementation française pour maintenir la « sécurité alimentaire » de leurs produits. Les méthodes incriminées incluent l’utilisation de lampes UV et de charbon actif, des techniques prohibées pour les eaux minérales naturelles, qui sont censées être vendues sans traitement chimique ou physique altérant leur composition d’origine.

Les marques emblématiques du marché français, comme Cristaline, ont été éclaboussées par ces pratiques. Si le groupe Alma se défend en affirmant que ces faits ne concernent que certains sites et sont « anciens et isolés », Foodwatch s’interroge sur la portée réelle de cette fraude, qui pourrait s’étendre bien au-delà des frontières françaises.

Nestlé Waters sous pression judiciaire : une fraude de grande ampleur ?

La plainte de Foodwatch intervient après des années d’enquêtes et de rapports alarmants. Dès novembre 2022, Médiacités avait révélé l’ouverture d’une enquête de la répression des fraudes concernant plusieurs marques d’eaux minérales, dont St-Yorre, Vichy Célestins et Chateldon. Parmi les accusations figurent l’ajout dissimulé de gaz carbonique industriel et l’utilisation de substances chimiques interdites, telles que le sulfate de fer, pour traiter des contaminations comme l’arsenic.

Les accusations ne s’arrêtent pas là. Foodwatch dénonce une fraude organisée de longue date par Nestlé, qui aurait systématiquement recours à des méthodes illégales de traitement de l’eau. Des documents internes, notamment un rapport de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), montrent que cette fraude pourrait remonter à plus de quinze ans.

L’État complice ? La question de la responsabilité publique

Au-delà de la responsabilité des multinationales, Foodwatch met en lumière le rôle des autorités publiques dans cette affaire. Selon l’ONG, l’État français aurait fait preuve d’une « complaisance » troublante en n’agissant pas plus fermement contre ces pratiques. En juillet 2022, un audit de la Commission européenne avait déjà pointé du doigt de « sérieuses lacunes » dans le système français de contrôle des eaux en bouteille, incapable de garantir l’absence de fraudes.

L’association souligne que, malgré les alertes répétées, les pratiques illégales se sont poursuivies, illustrant un manque de volonté politique pour défendre les consommateurs et la santé publique. Alors que l’affaire prend une nouvelle tournure judiciaire, la question de la responsabilité de l’État reste au cœur du débat, notamment en ce qui concerne son inaction face à des pratiques de fraude documentées depuis des années.

Vers une prise de conscience internationale ?

Si la France est actuellement le théâtre principal de ce scandale, les implications de cette affaire sont mondiales. Les grandes marques impliquées, dont Vittel, Contrex, Hépar et Cristaline, sont exportées dans de nombreux pays. L’utilisation de traitements interdits soulève des questions sur la régulation des eaux minérales au niveau international et sur la capacité des gouvernements à protéger les consommateurs des pratiques frauduleuses.

Pour Foodwatch, cette affaire dépasse les frontières françaises et illustre un problème systémique dans l’industrie des eaux en bouteille. La transparence et la réglementation doivent être renforcées pour éviter que de telles fraudes ne se reproduisent. Les consommateurs, eux, restent dans l’incertitude quant à la qualité des eaux qu’ils achètent.

Source 1

Source 2

Source 3

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *