Présidentielle en Roumanie : l’extrême droite surprend et inquiète l’Europe


Un choc électoral inattendu : Georgescu dépasse Ciolacu au premier tour

Les urnes ont parlé en Roumanie, mais le verdict fait trembler bien au-delà de ses frontières. Le premier tour de l’élection présidentielle, tenu dimanche, a mis en lumière une percée spectaculaire de l’extrême droite, incarnée par Calin Georgescu, un candidat prorusse de 62 ans. Avec 22 % des suffrages, Georgescu a légèrement devancé Marcel Ciolacu, le Premier ministre pro-européen, qui récolte 21,1 % des voix.

Cette situation bouleverse les prévisions : les sondages plaçaient Ciolacu en tête avec une avance confortable. Désormais, un duel s’annonce pour le second tour, prévu le 8 décembre.


Les outsiders redessinent le paysage politique roumain

La surprise ne s’arrête pas là. Elena Lasconi, ancienne journaliste devenue politicienne, a obtenu 16,6 % des suffrages, marquant une avancée notable pour le centre-droit. Quant à George Simion, candidat nationaliste et leader de l’Alliance pour l’unité des Roumains (AUR), il se positionne à 14,5 %.

Malgré ces scores, le véritable gagnant semble être l’extrême droite, qui engrange au total plus d’un tiers des voix. Cette dynamique pourrait influencer les législatives prévues dans une semaine, augurant de complexes négociations pour former un gouvernement.


l'élection présidentielle roumaine dévoile une percée de l'extrême droite.

Un climat tendu entre inflation, méfiance et guerre voisine

Pourquoi un tel bouleversement ? Selon Cristian Pirvulescu, politologue, l’essor de l’extrême droite s’explique par le mécontentement social et les tensions géopolitiques. La Roumanie, membre de l’UE et de l’OTAN, partage une frontière stratégique avec l’Ukraine. La guerre en cours et l’inflation galopante ont creusé le fossé entre les citoyens et l’élite politique.

Le président sortant, Klaus Iohannis, fervent soutien de l’Ukraine, incarne cette élite décriée. Son impopularité, alimentée par des scandales liés à ses dépenses publiques, a alimenté le rejet du système traditionnel.


Le virage digital et populiste de Calin Georgescu

Calin Georgescu, à travers une campagne intense sur TikTok, a su capter une partie de l’électorat. Son message ? Stopper l’aide à l’Ukraine et recentrer les efforts sur les besoins internes. Ces thématiques, amplifiées par des discours populistes, ont séduit un électorat en quête de réponses simples à des problèmes complexes.

En revanche, George Simion, malgré un discours souverainiste et un ton passionné, n’a pas réussi à maintenir l’élan des premiers sondages. Son image trop modérée l’a isolé des franges les plus radicales.


L’avenir de la Roumanie en jeu : quels enjeux pour le second tour ?

Le face-à-face entre Marcel Ciolacu et Calin Georgescu s’annonce décisif. D’un côté, Ciolacu incarne la continuité européenne et une gestion modérée. De l’autre, Georgescu représente un virage radical, prorusse et souverainiste, qui pourrait redessiner les alliances de la Roumanie.

En cas de victoire de Georgescu, les relations de Bucarest avec l’Union européenne et l’OTAN pourraient être remises en question, à un moment où la stabilité régionale est cruciale.

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