Les systèmes de police prédictive en France font l’objet d’une enquête approfondie par l’ONG La Quadrature, révélant des risques et appelant à leur interdiction.
Après des mois d’enquête, l’ONG La Quadrature du net publie un rapport critique sur la police prédictive en France, soulignant des dangers significatifs et plaidant pour son interdiction. L’étude, réalisée dans le cadre d’une initiative européenne coordonnée par l’ONG britannique Fair Trials, pointe du doigt plusieurs logiciels utilisés par les forces de police françaises, mettant en lumière des préoccupations majeures.
Des technologies dangereuses sans encadrement
La Quadrature du net identifie plusieurs logiciels de police prédictive, dont RTM, PredVol, PAVED, M-Pulse et Smart Police. Ces outils soulèvent des inquiétudes majeures en raison de leur utilisation de l’intelligence artificielle, de l’absence de transparence et de l’intégration de données socio-démographiques. L’ONG appelle à une interdiction de ces technologies.
Corrélation vs causalité : un risque majeur
L’un des principaux dangers réside dans l’extrapolation de résultats à partir de corrélations statistiques, sans tenir compte de la causalité. La confusion entre corrélation et causalité conduit à des conclusions erronées, influençant les décisions policières. La nécessité de démontrer la pertinence explicative des variables socio-démographiques utilisées dans les modèles prédictifs est soulignée.
Variables discriminatoires et doctrines criminologiques décriées
La possibilité que certaines variables socio-démographiques utilisées par ces logiciels soient discriminatoires est soulevée. De plus, les systèmes enracinent des doctrines criminologiques contestées, négligeant les causes structurelles de la délinquance. La Quadrature critique l’absence de remise en question des politiques sécuritaires et souligne l’ineptie de certaines croyances criminologiques.
Risque d’auto-renforcement et possibles abus de pouvoir
Les logiciels de police prédictive présentent un risque d’effet d’auto-renforcement, contribuant à une sur-policiarisation de certaines zones. La concentration de moyens dans ces zones renforce la probabilité de considérer ces endroits comme à haut risque, créant une prophétie auto-réalisatrice. La possibilité d’abus de pouvoir, telle que l’arrêt de véhicules pour des contrôles préventifs, est également soulignée.
Efficacité douteuse et lacunes dans la gestion des données
Malgré des dépenses considérables, les systèmes de police prédictive ne semblent pas convaincre en termes d’efficacité. La Quadrature du net souligne des lacunes dans la gestion des données, le manque de transparence et l’absence de respect des droits humains. Les opposants craignent que ces systèmes, bien que moins médiatisés actuellement, puissent être réactivés ou remplacés à l’avenir.
Un appel à l’action et à la transparence
La Quadrature du net appelle à une action immédiate, mettant en lumière le besoin de respecter les exigences législatives et jurisprudentielles. L’absence de contrôle de la part de la CNIL et le manque de transparence sont critiqués. L’ONG insiste sur la nécessité de prévenir les dérives potentielles de la police prédictive en France.