Il faut être franc, nous avons tous eu l’idée qui nous a traversé l’esprit en voyant les images d’agriculteurs utilisant les sous-produits de leurs activités pour transmettre un message visuel et potentiellement peut odoriférant sur les risques liés au métier de paysan. Voyons si cela est réellement intéressant.
Lisier et fumier : de quoi parle-t-on exactement ?
Face à la crise agricole et environnementale, certains s’interrogent sur l’intérêt de récupérer le lisier et les fumiers utilisés symboliquement lors des manifestations contre des projets tels que le traité entre l’Union européenne et le Mercosur. Si ces matériaux sont riches en nutriments, leur utilisation au jardin n’est pas sans risques. Décryptage.
Soyons clairs : notre objectif avec ces manifestations n’est pas de fournir aux citoyens des matières premières pour nourrir leurs sols. Cependant, si cela peut aider à porter notre message, alors oui, venez nous rejoindre dans notre combat.(Témoignage anonyme)
Qu’est-ce que le lisier ?
Le lisier est un mélange liquide issu des déjections animales, principalement produit dans les élevages intensifs. Contrairement au fumier, il ne contient ni paille ni résidus végétaux. Composé à 90 % d’eau et à 10 % de matière organique, il est souvent considéré comme un déchet problématique, notamment pour l’environnement.
Utilisé à tort ou dans des conditions inadaptées, le lisier peut infiltrer les nappes phréatiques et polluer les cours d’eau en raison de sa teneur en nitrates et en produits chimiques. Les algues vertes en sont une conséquence visible.
Les avantages et les risques du lisier au jardin
Avantages :
Le lisier contient de nombreux éléments nutritifs essentiels pour les plantes, notamment :
- Azote : favorise la croissance.
- Phosphore : essentiel pour les racines.
- Potassium : améliore la floraison et la fructification.
Risques :
Cependant, épandre du lisier non traité peut :
- Brûler les végétaux en raison de sa composition acide.
- Favoriser la prolifération de germes pathogènes.
- Lessiver les nutriments en cas de pluie, polluant ainsi les sols et les eaux environnantes.
Pour limiter ces risques, le lisier doit impérativement être « mûri » : un processus qui consiste à le composter pour réduire sa teneur en eau et stabiliser ses composants organiques.
Le fumier : un atout pour le potager
Contrairement au lisier, le fumier est un mélange équilibré de déjections animales, de paille et de résidus végétaux. Composté ou vieilli, il devient un amendement organique idéal.
Pourquoi utiliser du fumier ?
Le fumier améliore considérablement la qualité du sol en :
- Augmentant sa teneur en humus.
- Rendant la terre plus meuble et plus facile à travailler.
- Favorisant l’aération et la perméabilité à l’eau.
Méthodes d’utilisation :
- Vieillissement : laisser le fumier en tas au moins 6 mois pour éliminer les germes pathogènes.
- Compostage : mélanger avec des déchets végétaux pour équilibrer sa composition.
- Epandage :
- À l’automne : étaler entre 100 et 300 g/m², à renouveler tous les 2 ou 3 ans.
- En surface : favoriser la décomposition naturelle par les organismes aérobies.
Peut-on mélanger lisier et fumier ?
Associer ces deux éléments peut être envisageable pour profiter des avantages de chacun. Toutefois, le mélange doit être soigneusement composté pour éviter les problèmes de pollution et de toxicité.
Comment bien intégrer ces engrais au jardin ?
- Préparez une zone de compostage à l’abri des intempéries pour éviter les lessivages.
- Mélangez le lisier avec des déchets végétaux secs pour équilibrer sa teneur en humidité.
- Attendez au moins six mois avant d’utiliser le compost obtenu.
- Étalez le mélange uniquement sur des cultures adaptées, comme les légumes gourmands en nutriments (tomates, courges).
Une question de responsabilité environnementale
L’utilisation de ces matières organiques pose également des enjeux écologiques. Réemployer des fumiers issus de manifestations peut sembler une solution ingénieuse, mais il est essentiel de respecter les cycles naturels et les besoins spécifiques du sol pour éviter des effets néfastes à long terme.