Drogues et politique : quand les élus ne sont pas épargnés
Un scandale éclate au sein de l’Assemblée nationale. Le député de la France Insoumise, Andy Kerbrat, a été arrêté à Paris pour achat de 3-MMC, un stupéfiant encore mal connu du grand public. Ce qui soulève une question : que savons-nous réellement de cette drogue surnommée « la nouvelle cocaïne » ? Et pourquoi ce surnom, souvent relayé dans les médias, est-il si trompeur ?
L’arrestation d’un député LFI au cœur de Paris
C’est une nouvelle qui agite l’actualité politique française. Andy Kerbrat, élu de Loire-Atlantique, a reconnu avoir été interpellé jeudi dernier dans la capitale alors qu’il achetait des stupéfiants. La 3-MMC, molécule qui fait désormais la une des journaux, est classée comme stupéfiant en France depuis quelques années. Dans un communiqué publié sur son compte X (anciennement Twitter), le député a admis les faits et annoncé qu’il se mettrait « à la disposition de la justice » tout en s’engageant à soigner son « addiction ».
L’affaire pose la question de l’impact de la drogue dans les hautes sphères politiques, rappelant que personne n’est à l’abri des ravages des addictions, même les élus. Mais plus encore, elle met en lumière une drogue de synthèse en pleine expansion : la 3-MMC. Appelée parfois la « nouvelle cocaïne », ce produit soulève des inquiétudes tant pour ses effets dévastateurs que pour sa diffusion rapide.
Qu’est-ce que la 3-MMC, cette drogue à la mode ?
La 3-MMC, ou 3-méthylméthcathinone, est une molécule appartenant à la famille des cathinones de synthèse, des substances psychoactives développées en laboratoire. Elle se présente généralement sous forme de poudre et possède des effets similaires aux amphétamines. Recherchée pour ses propriétés stimulantes, euphorisantes et désinhibantes, elle est consommée lors de soirées festives et, de plus en plus, dans des contextes de « chemsex » (pratiques sexuelles sous l’influence de drogues).
Classée comme stupéfiant en France depuis quelques années, la 3-MMC est sous étroite surveillance par les autorités européennes à travers l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies. Ce produit fait partie des NPS, ou Nouveaux Produits de Synthèse, dont la circulation s’est intensifiée en Europe ces dernières années. Malgré son interdiction, sa popularité ne cesse de croître, notamment en raison de son prix abordable et de ses effets recherchés.
3-MMC et cocaïne : pourquoi une comparaison trompeuse ?
De nombreux médias ont commencé à utiliser l’expression « nouvelle cocaïne » pour décrire la 3-MMC, un terme qui, bien que séduisant pour attirer l’attention, est scientifiquement discutable. La cocaïne et la 3-MMC, bien que toutes deux des stimulants, présentent des différences importantes en termes de composition chimique, d’effets sur l’organisme et de toxicité.
La cocaïne est un alcaloïde extrait de la feuille de coca, consommé sous forme de poudre ou de crack. Elle agit principalement en augmentant les niveaux de dopamine dans le cerveau, ce qui provoque une sensation de bien-être intense, mais de courte durée. La 3-MMC, quant à elle, est une cathinone synthétique qui imite les effets de plusieurs drogues : la cocaïne, la MDMA (ecstasy) et les amphétamines. Cependant, les effets de la 3-MMC sont généralement plus courts, mais aussi plus toxiques, surtout lorsque consommée régulièrement.
Une drogue bon marché qui séduit de nouveaux publics
Le prix de la 3-MMC est également un facteur qui contribue à son expansion. Là où un gramme de cocaïne coûte en moyenne entre 50 et 70 euros, celui de la 3-MMC se situe plutôt entre 30 et 40 euros. Cet écart de prix attire des consommateurs plus jeunes et moins fortunés, mais pas uniquement. Selon les experts du dispositif TREND (Tendances récentes et nouvelles drogues), cette drogue est désormais consommée en dehors des cercles marginaux. Autrefois cantonnée aux milieux du chemsex, elle fait maintenant son apparition dans des soirées festives plus conventionnelles comme les festivals ou les boîtes de nuit.
Les témoignages de consommateurs révèlent que la 3-MMC procure un effet « hybride », mélangeant les sensations offertes par la cocaïne, la MDMA et les amphétamines. Mais cette drogue est loin d’être anodine. Les risques pour la santé sont réels, notamment en ce qui concerne la dépendance et la toxicité neurologique et cardiovasculaire.
Les dangers méconnus de la 3-MMC
Si la 3-MMC est parfois perçue comme une alternative moins chère à la cocaïne, elle n’en est pas moins dangereuse. Elle présente des risques considérables pour la santé, en particulier lorsqu’elle est consommée de manière répétée ou à haute dose. Les effets secondaires incluent des hallucinations, de la paranoïa, de l’anxiété sévère, des insomnies ou encore des troubles cardiovasculaires. L’augmentation de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle, couplée à une forte stimulation mentale, peut entraîner des crises de panique ou des états psychotiques.
De plus, la voie d’administration de la drogue, qu’elle soit sniffée ou injectée, comporte des risques supplémentaires. L’injection, en particulier, expose à des infections graves et à des lésions tissulaires. Des interactions avec d’autres substances, notamment les stimulants ou les antidépresseurs, sont également courantes, augmentant encore les dangers potentiels.
La France et l’Europe sont donc confrontées à une nouvelle menace en matière de drogues synthétiques. Alors que les autorités tentent de freiner la diffusion de la 3-MMC, le cas d’Andy Kerbrat met en lumière la nécessité d’une sensibilisation accrue et d’un encadrement judiciaire plus strict pour les consommateurs, qu’ils soient anonymes ou élus de la République.
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