Marseille : Les militants écologistes s’insurgent contre les croisières polluantes

Des militants bloquent le terminal des croisières : vers un bras de fer environnemental ?

Samedi 21 septembre 2024, une scène de résistance a pris forme à l’entrée nord du port de Marseille. Aux premières heures du jour, une vingtaine de militants de l’ONG Stop Croisières, soutenus par Extinction Rebellion France, ont pris d’assaut le terminal des croisières, bloquant le passage d’un navire de croisière grâce à une flotte de kayaks. Le symbole est fort : un refus catégorique de la pollution maritime croissante qui empoisonne aussi bien l’air que la biodiversité marine.

AIDAstella contraint de rebrousser chemin

Face à l’activisme déterminé, le navire AIDAstella, propriété de la compagnie allemande AIDA, n’a eu d’autre choix que de faire demi-tour. Une douzaine de kayakistes se sont positionnés stratégiquement à l’entrée du port, bloquant ainsi ce mastodonte flottant d’une capacité de 2000 passagers. Deux autres géants des mers, le MSC World Europa et le Costa Smeralda, attendaient également leur entrée dans le port phocéen, ajoutant à la tension d’une journée marquée par des revendications écologiques exacerbées.

La gendarmerie maritime intervient : port réouvert à 9h

Malgré cette mobilisation d’envergure, les militants ont rapidement été délogés par la gendarmerie maritime. L’action de blocage, qui a commencé aux premières lueurs du jour, a pris fin aux alentours de 9h, permettant la réouverture du port. Cependant, la démonstration de force des activistes a laissé une marque indélébile, interpellant sur les impacts négatifs de ces paquebots, perçus comme des « villes flottantes » par leurs opposants.

Une industrie sous le feu des critiques : pollution et conditions de travail pointées du doigt

Les arguments avancés par les militants ne sont pas nouveaux, mais leur résonance grandit de jour en jour. Stop Croisières et Extinction Rebellion dénoncent non seulement la pollution de l’air, exacerbée par ces navires gigantesques, mais également les conditions de travail jugées précaires à bord. Ces bateaux, véritable modèle réduit de notre monde globalisé, concentrent toutes les contradictions d’une économie tournée vers le profit au détriment de l’environnement et de la santé publique.

Un secteur en mutation : vers la neutralité carbone ?

De leur côté, les représentants de l’industrie des croisières se défendent. Par le biais d’un courriel adressé à l’AFP, l’association internationale des professionnels de la croisière a fermement condamné ce blocage, qualifié d’illégal et dangereux. Pourtant, ces mêmes acteurs du transport maritime rappellent que la croisière ne représente que 5 % du trafic global à Marseille et soulignent leurs efforts pour atteindre la neutralité carbone dans un futur proche.

Une hostilité grandissante en Europe

Marseille, avec ses 2,5 millions de croisiéristes accueillis en 2023, devient le reflet des tensions qui s’intensifient à travers l’Europe. Venise et Amsterdam ont déjà pris des mesures radicales en interdisant l’accès de leurs centres-villes aux paquebots. Marseille est-elle la prochaine sur la liste ? Le débat est désormais ouvert, et les militants entendent bien maintenir la pression pour obtenir des changements concrets.

Un collectif né de la pandémie

Le collectif Stop Croisières est le produit d’une prise de conscience née durant la pandémie de COVID-19. Alors que la plupart des villes françaises profitaient d’une accalmie et d’images poétiques de la nature reprenant ses droits, certains quartiers de Marseille suffoquaient encore sous l’effet des moteurs des bateaux de croisière, confinés à quai mais toujours en activité.

Un membre du collectif, sous couvert d’anonymat, raconte cette période comme un point de bascule : « On a réalisé à quel point ces bateaux empoisonnaient littéralement l’air que nous respirions. Pendant que la nature s’épanouissait ailleurs, nous continuions à respirer des fumées toxiques. »

La pollution maritime à Marseille : des chiffres alarmants

Selon AtmoSud, un organisme de surveillance de la qualité de l’air, les activités maritimes sont responsables de 39 % des émissions de dioxyde d’azote (NO2) à Marseille. Ce taux, presque aussi élevé que celui du trafic routier, est d’autant plus préoccupant que la législation européenne sur la pollution de l’air est régulièrement dépassée dans la région. En mars 2023, des riverains et des associations locales avaient même déposé plainte contre les autorités portuaires pour non-respect des normes environnementales.

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