Le nouveau gouvernement dirigé par Michel Barnier a enfin été dévoilé après des semaines de négociations difficiles. Avec un total de 39 membres, dont 16 ministres de plein exercice, cette équipe politique représente une tentative complexe de rassembler les différentes factions politiques de droite et du centre. Cependant, la nomination de Bruno Retailleau, président des sénateurs Les Républicains (LR), au poste clé de ministre de l’Intérieur, a déclenché de vives réactions au sein même de la majorité présidentielle. Retailleau, connu pour ses positions conservatrices, est perçu par certains comme une figure polarisante.
Bruno Retailleau à l’Intérieur : un choix controversé
Dès l’annonce de la nomination de Retailleau, des voix dissidentes se sont élevées. Ludovic Mendes, député du groupe macroniste Ensemble pour la République (EPR), a publiquement exprimé son scepticisme quant à la capacité de Retailleau à représenter une politique équilibrée et inclusive. Selon Mendes, Retailleau a, dans le passé, tenu des propos qui divisent sur des sujets sensibles tels que la laïcité et l’immigration. Son arrivée à l’Intérieur marque un tournant idéologique pour un ministère qui, sous Gérald Darmanin, oscillait déjà entre fermeté et gestion de crise.
Une gestion économique sous haute surveillance
Du côté des affaires économiques, la nomination d’Antoine Armand, député EPR, pour remplacer Bruno Le Maire à Bercy a surpris plus d’un observateur. Toutefois, la présence de Laurent Saint-Martin, ancien député macroniste, en tant que ministre délégué au Budget, montre l’importance que le gouvernement Barnier accorde à la stabilité économique à l’approche des débats budgétaires de 2025. Le Budget sera directement rattaché à Matignon, un signal fort en faveur d’une gestion centralisée des finances publiques.
Les Républicains renforcés, mais à quel prix ?
La droite républicaine sort renforcée de ce remaniement. En plus de Retailleau, plusieurs autres personnalités LR font leur entrée dans ce gouvernement. François-Noël Buffet hérite du ministère des Outre-mer, une nomination stratégique alors que les tensions sociales en Nouvelle-Calédonie, en Guadeloupe et en Martinique s’intensifient. Pourtant, cette forte empreinte de la droite ne se fait pas sans heurts. Le Modem, partenaire clé de la majorité, avait initialement suspendu sa participation, estimant que le gouvernement penchait trop à droite. Finalement, sous pression, le Modem a décidé de participer, bien que les équilibres politiques restent fragiles.
Rachida Dati, Catherine Vautrin : des figures de continuité
Dans un souci d’équilibre, Michel Barnier a conservé certains poids lourds du précédent gouvernement. Rachida Dati continue son travail au ministère de la Culture, tandis que Catherine Vautrin se voit attribuer un nouveau portefeuille axé sur les Partenariats avec les Territoires et la Décentralisation. Le maintien de ces figures symboliques est perçu comme une tentative de préserver une forme de continuité au sein d’une équipe politique en partie renouvelée.
Un gouvernement de transition ?
La constitution de cette nouvelle équipe s’apparente davantage à un compromis politique qu’à une réelle refonte. Jean-Noël Barrot, qui passe de l’Europe aux Affaires Étrangères, incarne cette volonté de continuité. Pourtant, avec des départs remarqués tels que celui de Gérald Darmanin ou encore de Bruno Le Maire, le gouvernement Barnier devra faire face à des défis majeurs, notamment celui de la cohésion interne.