Les Conséquences Stratégiques de l’Offensive de l’Ukraine en Région de Koursk
Depuis plus d’une semaine, l’offensive ukrainienne dans la région de Koursk fait la une des principaux médias mondiaux. Ce mouvement inattendu de la part de l’Ukraine a surpris de nombreux observateurs, alors que les objectifs militaires de cette opération restent encore voilés par le brouillard de la guerre. Néanmoins, les retombées politiques commencent déjà à se dessiner clairement.
Le Monde en Suspens : Réactions Internationales au Conflit
Alors que l’armée ukrainienne prend le contrôle des villes et villages russes, la Chine appelle prudemment les « parties en conflit à éviter toute escalade », tandis que les pays occidentaux feignent de ne rien remarquer d’extraordinaire. Pendant ce temps, au Kremlin, c’est la panique. Les autorités cherchent frénétiquement un moyen de contenir la situation sans pour autant arrêter leur offensive dans l’est de l’Ukraine.
La Menace sur la Stabilité du Régime de Poutine
L’opération de Koursk menace-t-elle la stabilité du régime de Poutine ? Est-il possible que cette offensive entraîne un échange de territoires avec la Russie ? Et comment ce développement change-t-il la perception de la guerre chez nos partenaires internationaux ? Ce sont des questions cruciales auxquelles il faut prêter attention.
Comment les Russes Ont-ils Pu Manquer l’Offensive Ukrainienne ?
L’offensive ukrainienne a été préparée dans la plus grande confidentialité. Les autorités politico-militaires ont fait tout leur possible pour tromper les Russes et percer leurs lignes au moment où ils s’y attendaient le moins. Mais comment une telle concentration de troupes et de matériel militaire à la frontière a-t-elle pu passer inaperçue ?
En mai, le chef du renseignement militaire ukrainien, Kyrylo Boudanov, avait averti que les Russes pourraient rouvrir un front dans la région de Soumy. Un avertissement similaire avait été lancé en juillet, quelques semaines avant l’offensive ukrainienne.
Puis, une semaine avant l’invasion du territoire russe, le président Zelensky se plaignait dans une interview au journal français Le Monde du manque de soldats dans les rangs des Forces armées ukrainiennes. Il affirmait que sur les 14 nouvelles brigades préparées, seules trois avaient été complètement formées, en raison d’un manque d’armement.
Début août, l’opinion publique avait donc l’impression que l’Ukraine n’avait pas la capacité de lancer une offensive et que tout rassemblement de forces à la frontière avec la région russe de Koursk n’était que défensif, en prévision d’une nouvelle invasion ennemie.
Comme le disait le penseur chinois Sun Tzu : « Si tu es faible, fais croire que tu es fort. Si tu es fort, fais croire que tu es faible. »
Les Manœuvres de Préparation Disséminées
Pendant ce temps, sous couvert d’actions défensives « de routine », les Forces armées ukrainiennes menaient une série de manœuvres préparatoires : des opérations innovantes de guerre électronique, des reconnaissances préalables et des frappes systématiques d’artillerie sur les infrastructures logistiques ennemies, comme les dépôts d’armes et les bases pétrolières.
Un Succès Sur le Champ de Bataille ?
Dans la nuit du 6 août, les troupes ukrainiennes ont pénétré dans la région de Koursk. Le commandement militaire russe n’était pas prêt pour un tel développement. L’effet de surprise a permis aux Forces armées ukrainiennes de progresser rapidement en profondeur. En seulement dix jours d’offensive, elles ont capturé autant de territoires que les Russes ont occupé en Ukraine sur toute l’année 2024.
Au début, les propagandistes russes affirmaient qu’il ne s’agissait que d’une « provocation frontalière » ou des actions de saboteurs. Mais bientôt, ils ont dû reconnaître que l’armée ukrainienne menait bel et bien une offensive, bien que les forces russes prétendaient l’avoir repoussée et « procéder à une opération de nettoyage ». Toutefois, près d’une semaine de combats plus tard, le 12 août, même Poutine a publiquement « appris » que l’armée ukrainienne avait avancé de plus de 10 kilomètres dans la région de Koursk. Le même jour, le président Zelensky a confirmé pour la première fois l’opération de Koursk.
Le 13 août, le commandant en chef des Forces armées ukrainiennes, Oleksandr Syrskyi, a informé le chef de l’État que 74 localités et environ 1000 km² de territoire russe étaient désormais sous contrôle ukrainien. À titre de comparaison, les forces russes, lors de leur offensive massive dans la région de Kharkiv, qui a commencé le 10 mai, ont réussi à occuper seulement 11 villages ukrainiens et 184 km² de territoire. Au total, depuis le début de 2024, l’ennemi a occupé environ 1000 km².
Les Forces armées ukrainiennes ont, en dix jours, pris plus de territoire russe qu’elles n’ont réussi à libérer en Ukraine lors de leur contre-offensive de 2023 — lorsqu’elles avaient repris 395 km² au sud et à l’est du pays.
L’opération est toujours en cours, ce qui empêche toute conclusion hâtive sur la ligne où les Forces armées ukrainiennes décideront de se retrancher et s’ils pourront ensuite la maintenir.
Certains analystes occidentaux estiment qu’après cette phase de percée rapide, les forces ukrainiennes passeront à une phase de « développement du succès », c’est-à-dire qu’elles sécuriseront leurs flancs, créeront une ligne de défense solide et l’aligneront. Cependant, ils n’excluent pas la possibilité que les commandants ukrainiens décident de profiter de la passivité des Russes pour avancer encore plus loin sur le territoire russe. Les gains territoriaux de l’offensive de Koursk ne sont donc pas encore un indicateur de succès, mais plutôt un signe de la situation que les Forces armées ukrainiennes ont réussi à créer.
Un Résultat Déjà Probant : Des Prisonniers en Masse
Néanmoins, un résultat évident est déjà apparu : les militaires ukrainiens ont capturé un nombre record de soldats russes, qui pourraient être utilisés pour un échange potentiel — notamment pour nos combattants d’Azovstal. Selon les estimations du journal britannique The Independent, environ 2000 soldats russes se sont déjà rendus aux forces ukrainiennes lors des combats à Koursk.
Ce revers de la défense dans la région de Koursk a déconcerté le Kremlin et l’a forcé à chercher désespérément des renforts pour stopper l’avancée ukrainienne. Pour l’instant, ils essaient de « boucher le trou » avec des unités de la Garde nationale russe, du FSB et des réservistes encore mal préparés. Cependant, ils ne parviennent pas actuellement à opposer une résistance efficace au groupe de plusieurs milliers de soldats ukrainiens.
Les actions asymétriques de Kiev poussent Moscou à retirer des unités opérationnelles de l’est de l’Ukraine, où les Russes mènent depuis l’automne dernier une offensive réussie. Selon l’expert militaire Mykhaïlo Samous, l’offensive de Koursk pourrait faire partie d’une opération plus vaste, de niveau stratégique, visant à renverser le cours de la guerre. Si les Russes retirent une part significative de leurs forces d’Ukraine, des conditions pourraient émerger pour des contre-offensives de nos forces de défense sur le territoire ukrainien.
