Un record historique
Le scrutin du 9 juin prochain en France verra un nombre record de 37 listes concourir pour des sièges au Parlement européen, selon le Journal officiel du samedi 18 mai. Cette profusion de listes illustre la diversité des motivations et des causes que ces mouvements cherchent à défendre, allant des droits des animaux à l’espéranto, en passant par le fédéralisme européen et la ruralité.
Des conditions de participation assouplies
Les conditions relativement souples pour se présenter à cette élection permettent à de nombreux mouvements de tenter leur chance. Ce phénomène n’est pas nouveau : déjà en 2019, le scrutin européen avait attiré 34 listes différentes. Cependant, cette multiplication des listes entraîne une dispersion des suffrages, avec de grandes différences entre les formations politiques bien établies et celles qui sont moins ancrées dans le paysage politique.

Des scores souvent faméliques pour les petites listes
Des résultats modestes en 2019
Lors des élections européennes de 2019, la moitié des 34 listes en compétition n’avaient pas atteint les 50 000 voix. Douze d’entre elles avaient même récolté moins de 10 000 voix. Globalement, 21 listes n’avaient pas franchi le seuil de 1 % des suffrages. Malgré ces résultats modestes, le nombre de candidatures n’a cessé d’augmenter, démontrant un certain désir de renouvellement parmi les électeurs.
Seuils décourageants mais surmontables
Le seuil des 3 % des voix est nécessaire pour obtenir le remboursement des frais de campagne, et celui des 5 % pour envoyer des élus au Parlement européen. En 2019, seules six listes avaient réussi à dépasser ce dernier seuil. Caroline Zorn, tête de liste du Parti pirate en France, voit dans ces chiffres un signe d’un « vrai désir de renouvellement ». Selon elle, ces seuils n’empêchent pas les petites listes de se constituer, bien que les chances de succès soient minces.
Les motivations des petites listes
Un message alternatif
Porter un message politique alternatif est souvent le moteur principal des petites listes. Marine Cholley, à la tête de la liste écologiste pro-sciences Equinoxe, souhaite s’adresser à une génération de moins de 40 ans, fortement touchée par l’abstention. Pour Sven Franck de Volt Europa, les élections européennes représentent l’opportunité de promouvoir un programme politique unifié à l’échelle continentale, allant de la Suède au Portugal.
Objectifs modestes mais déterminés
Certaines listes, comme Espéranto langue commune, ne visent pas nécessairement à obtenir des sièges mais à sensibiliser le public à des problématiques spécifiques. Laure Patas d’Illiers, de cette liste, souligne que leur ambition est de mettre en lumière la question des langues, volontairement ignorée par les politiques traditionnelles.
Le cas des listes gilets jaunes
Un échec en 2019
Les listes issues du mouvement des gilets jaunes, bien que nombreuses en 2019, n’avaient pas réussi à capter une part significative des suffrages. Cumulativement, elles n’avaient pas dépassé 1,2 %, un signe que l’incarnation politique d’un mouvement social ne garantit pas un succès électoral.
Défendre des intérêts particuliers
Défendre des intérêts spécifiques et une frange particulière de l’opinion n’est pas une nouveauté dans ce type de scrutin. Ces listes trouvent souvent leur motivation dans la volonté de représenter des causes ou des groupes sous-représentés dans le débat politique classique.
Les défis d’une campagne
Une campagne difficile
Pour les petites listes, mener une campagne électorale s’avère souvent être un véritable parcours du combattant. Sven Franck déplore les multiples seuils à franchir et les difficultés spécifiques rencontrées en France, pays qu’il considère comme l’un des plus difficiles pour se faire élire.
La débrouille en action
Ces mouvements doivent souvent recourir à des stratégies de débrouille pour faire entendre leur voix, avec des moyens limités comparés aux grandes formations politiques. La créativité et la détermination sont alors des atouts majeurs pour tenter de se démarquer dans un paysage électoral saturé.