Procès OceanGate : Pourquoi l’Ingénieur en Chef a-t-il Refusé de Piloter le Submersible Titan ?

Sécurité négligée ou précautions légitimes ?

Le procès entourant l’implosion tragique du submersible Titan, géré par OceanGate, a débuté à North Charleston, en Caroline du Sud. Parmi les témoins clés, Tony Nissen, ancien ingénieur en chef d’OceanGate, a révélé des détails troublants sur la sécurité du submersible et sur sa décision de ne pas piloter le Titan des années avant la catastrophe.

Un Incident Majeur au Fond de l’Océan Atlantique

Le 18 juin 2023, le submersible Titan, conçu pour des expéditions touristiques vers l’épave du Titanic, a implosé dans les profondeurs de l’océan Atlantique Nord, au large de Terre-Neuve. Cette tragédie a coûté la vie aux cinq personnes à bord, y compris le PDG d’OceanGate, Stockton Rush, et l’expert français du Titanic, Paul-Henri Nargeolet.

L’accident est survenu lors d’une plongée destinée à observer de près les restes du Titanic, situé à plus de 3 800 mètres de profondeur. Alors que le submersible commençait sa descente, une défaillance structurelle a provoqué une implosion, détruisant l’engin et tuant instantanément ses occupants.

Témoignage Clé de Tony Nissen : « Je ne m’y lancerai pas »

Lors du procès, Tony Nissen, un témoin central, a expliqué qu’il avait refusé de piloter le Titan plusieurs années avant l’accident en raison de sérieux doutes sur la sécurité de l’engin. Selon lui, Stockton Rush, cofondateur d’OceanGate, était souvent plus préoccupé par les coûts et les délais que par les précautions nécessaires à la sécurité.

« Je ne m’y lance pas », aurait-il déclaré à Rush, refusant ainsi de prendre le contrôle du submersible. Nissen a également révélé que le Titan avait été frappé par la foudre lors d’une mission d’essai en 2018, ce qui, selon lui, aurait pu compromettre l’intégrité de la coque du navire.

Pressions et Priorités : Le Manque de Communication Interne

Le témoignage de Nissen a mis en lumière une culture interne où les inquiétudes en matière de sécurité étaient souvent minimisées. Il a admis ne pas avoir partagé ses divergences avec les autres membres de l’équipe, créant une dynamique où des décisions risquées pouvaient être prises sans réelle opposition.

En 2019, Nissen a une nouvelle fois refusé de piloter le submersible, invoquant des problèmes techniques persistants et une confiance ébranlée dans le personnel opérationnel. Cette décision, associée à son avertissement sur l’état du Titan, lui a finalement coûté son poste.

Problèmes de Maintenance : Une Coque Abandonnée aux Éléments

Un autre point crucial soulevé lors du procès concerne la négligence apparente dans la maintenance du submersible. Selon les témoignages des représentants de la Garde côtière, la coque du Titan est restée exposée aux éléments pendant plus de sept mois entre 2022 et 2023, sans inspection par des tiers, ce qui aurait pu fragiliser la structure de l’engin.

Cette absence de maintenance adéquate soulève des questions sur les pratiques de gestion d’OceanGate et sur les pressions exercées pour mener à bien des missions malgré les signaux d’alarme.

Problèmes Internes : Quand la Sécurité Passait au Second Plan

Le témoignage de Bonnie Carl, ancienne directrice des finances et des ressources humaines d’OceanGate, a révélé que les problèmes de sécurité étaient bien connus en interne. Elle a affirmé que David Lochridge, directeur des opérations de l’entreprise, avait lui aussi exprimé des doutes quant à la sécurité du submersible, qualifiant même le Titan de « dangereux ».

Lochridge doit témoigner lors des audiences suivantes, ce qui pourrait apporter d’autres révélations sur la gestion interne des risques au sein de l’entreprise.

Les Victimes : Un Drame qui Marque l’Histoire des Explorations Sous-marines

L’implosion du Titan a coûté la vie à cinq personnes, dont le célèbre PDG d’OceanGate, Stockton Rush, et Paul-Henri Nargeolet, expert mondialement reconnu du Titanic. Parmi les victimes se trouvaient également Hamish Harding, un homme d’affaires britannique, ainsi que Shahzada Dawood et son fils Suleman, deux ressortissants britanniques d’origine pakistanaise.

Ce drame a suscité une profonde réflexion sur les risques inhérents aux explorations sous-marines extrêmes et sur la nécessité de réglementations plus strictes pour les entreprises opérant dans ce domaine.

Le Procès : Une Recherche de Responsabilité

Alors que le procès continue, la question centrale reste la suivante : OceanGate a-t-elle ignoré les avertissements de ses ingénieurs et experts, priorisant les profits au détriment de la sécurité ? Les révélations de Tony Nissen et de Bonnie Carl montrent que des voix s’étaient élevées en interne, mais elles semblent avoir été étouffées par la quête d’efficacité et de célébrité.

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