L’expression « offrir le gîte et le couvert » est familière à beaucoup, mais son interprétation moderne diverge de son sens originel. À l’origine, elle signifiait offrir un lit pour la nuit (le gîte) et un abri sous un toit (le couvert). Pourtant, l’évolution de la langue a profondément modifié cette compréhension.
Le terme « couvert » renvoyait autrefois au toit, comme l’illustre la fable de La Fontaine, Le Rat qui s’est retiré du monde. Le poète évoque alors « le vivre et le couvert », où « vivre » désigne la nourriture. Ce dernier terme, tombé en désuétude au singulier, survit davantage dans son pluriel, « les vivres ». À partir du XVIe siècle, « couvert » a également désigné les ustensiles de table, ouvrant la voie à des confusions sémantiques. Ainsi, l’expression originale s’est transformée en « gîte et couvert », où « couvert » est souvent interprété comme un repas, et non un toit.
Cette évolution linguistique repose sur une figure de style, la synecdoque, où une partie représente un tout. Dans ce cas, « couvert » s’est vu attribuer un sens élargi. Pourtant, son sens premier demeure dans des expressions juridiques comme « le clos et le couvert », qui fait référence aux éléments essentiels garantissant la salubrité d’un logement.
L’usage courant a fini par accepter ce glissement sémantique. Aujourd’hui, dire que l’on offre « le gîte et le couvert » revient à proposer un lieu pour dormir et de quoi manger. Cette interprétation, bien qu’impropre selon les puristes, reflète une langue en perpétuelle évolution.
Et si, poussant l’imagination, « gîte » venait un jour à désigner une pièce de viande, l’expression pourrait encore évoluer vers un nouveau pléonasme, signifiant « nourriture et repas ». Une hypothèse fantaisiste, certes, mais révélatrice des subtilités du langage.
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