Un an après l’attentat d’Arras : Quel impact sur les enseignants ?

Laïcité, violence et religion : Les professeurs confrontés à des dilemmes en classe

Le 13 octobre 2023, la France a été profondément marquée par l’assassinat de Dominique Bernard, un professeur de lettres au lycée Gambetta-Carnot d’Arras, tué par un ancien élève radicalisé. Cet attentat, survenu presque trois ans jour pour jour après la mort de Samuel Paty, a ravivé des questionnements sur la place de la laïcité, de la liberté d’expression et de la religion dans les écoles. Un an après ce drame, les enseignants sont-ils en mesure d’aborder sereinement ces sujets sensibles avec leurs élèves ?

Dominique Bernard : Une mémoire toujours vivante

Ce dimanche 13 octobre 2024, un hommage national sera rendu à Dominique Bernard, mais aussi à Samuel Paty, deux enseignants victimes du terrorisme islamiste. Alors que l’ensemble du pays s’apprête à commémorer ce douloureux anniversaire, l’émotion reste palpable à Arras, où la place des Héros accueillera une cérémonie en mémoire de cet homme courageux, mort pour avoir protégé ses élèves.

Le 13 octobre 2023 à 11 h, l’agression meurtrière de Dominique Bernard par Mohammed Mogouchkov, un ancien élève tchétchène de 20 ans, a replongé la France dans l’horreur des attaques terroristes en milieu scolaire. Cet acte de barbarie a mis en lumière une nouvelle fois les difficultés croissantes rencontrées par les professeurs pour enseigner des sujets comme la laïcité, l’histoire des religions ou encore la liberté d’expression.

Un climat de peur pour les enseignants ?

Depuis la mort de Samuel Paty en 2020, nombre d’enseignants admettent se sentir de plus en plus mal à l’aise lorsqu’ils abordent des questions sociétales sensibles en classe. Le traumatisme engendré par l’assassinat de Dominique Bernard n’a fait qu’accentuer ces craintes. En effet, plusieurs professeurs témoignent de la crainte d’être mal compris, voire pris pour cible, lorsqu’ils parlent de la laïcité ou des valeurs républicaines. Le retour des polémiques autour de la loi sur les signes religieux à l’école, ou les récents débats sur le port de l’abaya et du qamis, illustrent bien les tensions persistantes sur ces questions.

Certains établissements ont renforcé les mesures de sécurité, mais le climat de peur reste omniprésent. En outre, les enseignants se demandent comment aborder des questions comme le conflit israélo-palestinien ou les attentats commis au nom de la religion sans susciter de controverses ou heurter les sensibilités des élèves.

Une fracture entre les professeurs et certains élèves ?

La montée des radicalisations dans certains quartiers, ainsi que la méfiance croissante à l’égard de l’institution scolaire, posent de nouveaux défis aux enseignants. Beaucoup rapportent des incidents liés à la remise en question de l’autorité scolaire et des valeurs républicaines. Selon plusieurs professeurs, il devient de plus en plus difficile de faire accepter certains sujets dans les classes où des élèves affichent ouvertement leur opposition à des enseignements jugés « contraires » à leurs croyances.

« Aborder la laïcité ou la liberté d’expression dans certaines classes est devenu un parcours du combattant », témoigne un professeur de philosophie d’un lycée du Pas-de-Calais. « Chaque mot doit être pesé pour ne pas heurter, et pourtant, notre rôle est d’éduquer les jeunes à la tolérance et à la réflexion critique. »

Quels enseignements tirer un an après ?

Alors que les hommages se succèdent, les enseignants de France espèrent un changement. Un soutien plus fort de l’État, une meilleure protection des professeurs et une sensibilisation accrue des élèves sur les enjeux de la laïcité et de la liberté d’expression sont autant de revendications mises en avant dans ce contexte de commémoration.

L’attaque d’Arras, comme celle de Conflans-Sainte-Honorine en 2020, a révélé la vulnérabilité du personnel éducatif face à la radicalisation de certains jeunes. Elle pose aussi la question de la formation des enseignants pour mieux aborder les sujets qui fâchent sans susciter de tensions. Les enseignants doivent-ils être formés à faire face à ces nouvelles formes de violence idéologique ?

Alors que l’hommage à Dominique Bernard rappelle la nécessité de défendre les valeurs républicaines, l’avenir de l’enseignement de la laïcité semble plus incertain que jamais.

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