Couronnement de Nicolas II : Pourquoi la Tragédie de Khodynka a Ébranlé la Russie

Un Rassemblement en Fête qui Vire au Drame

Le 18 mai 1896, Moscou est en effervescence pour le couronnement de Nicolas II, dernier empereur de Russie. Plus de 400 000 personnes sont rassemblées sur le champ de Khodynka pour célébrer l’événement, mais la fête vire à la catastrophe. La distribution d’objets commémoratifs, de nourriture et de boissons provoque une bousculade mortelle, et le champ se transforme en scène de chaos. Résultat : 1 389 morts et 1 300 blessés selon les chiffres officiels, bien que certains estiment le nombre de blessés bien plus élevé. Cet événement, connu sous le nom de tragédie de Khodynka, marque les débuts troublés du règne de Nicolas II.

le couronnement de nicolas ii vire au drame

Le Contexte : Une Tradition de Festivités Populaires

En Russie, chaque couronnement est accompagné de grandes festivités ouvertes au peuple. À Moscou, des fêtes sont organisées pour marquer l’accession au trône de Nicolas II. Sur le champ de Khodynka, un vaste terrain vague entouré de cabanes en bois, les organisateurs prévoient d’offrir à chaque invité un gobelet en métal émaillé, symboliquement gravé des initiales de Nicolas II et de son épouse Alexandra Feodorovna, ainsi que des denrées comme des raisins secs, des figues et du saucisson. Attirées par ces cadeaux et par l’opportunité de faire la fête, des milliers de personnes se dirigent vers le lieu dès la veille au soir.

La Catastrophe : Une Distribution Hors de Contrôle

Le 18 mai, avant même le début officiel des festivités, la foule exige d’accéder au champ de Khodynka pour obtenir les objets commémoratifs. Les organisateurs, débordés par cette vague humaine, commencent à jeter les gobelets pour tenter de calmer la foule, mais cela ne fait qu’aggraver la situation. Des centaines de personnes sont alors poussées vers les cabanes en bois, tandis que d’autres se retrouvent piégées dans les ravins qui bordent le champ. Dans une panique indescriptible, de nombreux participants sont piétinés ou tombent dans les trous non rebouchés, utilisés précédemment pour des travaux d’extraction de sable.

Un Bilan Humain Accablant

Les secours sont immédiatement mobilisés, mais la situation sur le champ de Khodynka reste chaotique. Les pompiers et soldats, formant difficilement une équipe de sauvetage, entreprennent de retirer les corps et de secourir les blessés. Des camions sont utilisés pour transporter les victimes, mais, mal bâchés, ils laissent entrevoir des scènes macabres. Parmi les personnes décédées, une quarantaine de corps broyés sont extraits des puits. Pendant ce temps, une grande partie de la foule, ignorant encore le drame, continue à célébrer.

nicolas ii face à la colère populaire

Nicolas II Face à la Colère Populaire

La nouvelle de la catastrophe atteint Nicolas II, mais au lieu de reporter le bal prévu en son honneur à l’ambassade de France, il choisit d’y assister. Ce choix provoque l’indignation d’une grande partie de la population et affecte profondément l’image de l’empereur. Cette attitude est perçue comme insensible, et le couple impérial perd rapidement la sympathie d’une partie du peuple russe. Dans les rues de Moscou, des affiches accusatrices apparaissent, attribuant la responsabilité de l’organisation défaillante au grand-duc Serge Alexandrovitch, oncle de l’empereur.

Les Conséquences Politiques : Une Fracture dans la Famille Impériale

L’enquête pointe la responsabilité du grand-duc Serge et de son entourage dans l’organisation des festivités. Cependant, lorsque des sanctions sont envisagées, une forte opposition se manifeste parmi les grands-ducs, qui menacent de démissionner en cas de condamnation de Serge. Nicolas II cède, épargnant les membres de la famille impériale, mais l’opinion publique n’est pas dupe et surnomme le grand-duc Serge « le prince de Khodynka » et l’empereur « Nicolas le Sanguinaire ». La confiance en la monarchie russe est sérieusement ébranlée, et la tragédie de Khodynka reste dans les esprits comme un présage sombre pour le règne de Nicolas II.

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