Le Bail Réel Solidaire (BRS) est une innovation majeure dans le paysage immobilier français. Il permet aux ménages modestes d’accéder à la propriété à des prix abordables, notamment dans les zones tendues. Ce dispositif sépare la propriété du bâti de celle du terrain, offrant une solution durable pour faciliter l’accès au logement tout en préservant son caractère abordable sur le long terme.
Définition et Principe Fondamental
Le BRS, créé par la loi ALUR et mis en place en 2016, aide les ménages modestes à devenir propriétaires. Il repose sur la dissociation entre la propriété du bâti et celle du foncier. L’acquéreur devient propriétaire de son logement, tandis que le terrain reste la propriété d’un Organisme Foncier Solidaire (OFS).
Ce mécanisme s’inspire du modèle anglo-saxon et constitue un bail de longue durée, pouvant s’étendre de 18 à 99 ans. Il s’agit d’un contrat conclu entre un OFS et un preneur, établi par voie authentique et constitutif de droits réels sur le bien immobilier.
Fonctionnement et Caractéristiques Juridiques
La structure contractuelle du BRS confère des droits réels spécifiques, cessibles, transmissibles, hypothécables et saisissables. La durée du bail est longue (jusqu’à 99 ans) et « rechargeable » : à chaque mutation, un nouveau bail de même durée est proposé au nouvel acquéreur, pérennisant ainsi le dispositif.
L’acquéreur en BRS occupe une position hybride, entre locataire et propriétaire. Il est propriétaire de son logement et peut y réaliser des travaux, tout en versant une redevance mensuelle pour l’occupation du terrain. Sur le plan fiscal, le BRS suit un régime hybride, avec une taxe de publicité foncière pour les premières cessions et un droit de mutation pour les cessions ultérieures.
Les Acteurs du Dispositif BRS
L’Organisme Foncier Solidaire (OFS) est central dans le dispositif BRS. Il acquiert des terrains et en conserve la propriété sur le long terme, garantissant ainsi l’abordabilité des logements. Les OFS sont responsables de l’encadrement des prix de revente des logements, assurant la pérennité du caractère abordable des logements.
Les preneurs peuvent être des ménages, des opérateurs construisant ou réhabilitant des logements, ou des opérateurs les mettant en location. Pour les ménages, le BRS se situe dans le champ de l’accession sociale, destinée à l’achat de résidence principale par des foyers à revenus moyens et modestes.
Avantages pour les Acquéreurs
Le BRS offre plusieurs avantages significatifs pour les ménages acquéreurs. Le principal avantage est la réduction substantielle du prix d’achat, permettant à des ménages modestes d’accéder à la propriété dans des zones tendues. Les acquéreurs bénéficient également d’avantages fiscaux, comme une TVA réduite à 5,5% pour l’achat d’un bien neuf et une possible exonération de la taxe foncière.
Le BRS constitue un outil de sécurisation du parcours résidentiel, permettant à des ménages de devenir propriétaires et de se constituer un patrimoine, même modeste. Il offre une stabilité résidentielle sur le long terme.
Conditions d’Éligibilité et Contraintes
Pour être éligible au BRS, les ménages doivent respecter des plafonds de ressources réglementaires, alignés sur ceux du Prêt Social Location-Accession (PSLA). Le logement acquis via un BRS doit être occupé à titre de résidence principale. En cas de revente, le prix de cession est encadré et reste inférieur au prix du marché.
En contrepartie de l’occupation du terrain, l’acquéreur en BRS doit s’acquitter d’une redevance mensuelle versée à l’OFS. Cette redevance sert à l’OFS pour racheter d’autres terrains destinés à de nouveaux projets.
Objectifs et Place dans la Politique du Logement
Le BRS s’inscrit dans une politique de mixité sociale, favorisant l’accession à la propriété des ménages aux revenus modestes ou moyens dans des zones où ils seraient normalement exclus par les prix du marché. Il contribue également à fluidifier les parcours résidentiels, offrant une possibilité d’évolution entre le locatif social et l’accession à la propriété classique.
Le BRS ne se substitue pas au logement social locatif mais vient en complément de celui-ci. Depuis le 1er janvier 2019, les logements faisant l’objet d’un BRS « accession » sont assimilés aux PLS (Prêt Locatif Social) et décomptés sans limitation de durée dans le cadre de la loi SRU.
Conclusion
Le Bail Réel Solidaire représente une innovation significative dans les politiques d’accession sociale à la propriété en France. En dissociant le foncier du bâti, ce dispositif permet de réduire considérablement le coût d’acquisition d’un logement, rendant la propriété accessible à des ménages modestes, particulièrement dans les zones tendues où les prix immobiliers sont élevés.
La spécificité du BRS réside dans son mécanisme anti-spéculatif, garantissant le caractère durablement abordable des logements, même après plusieurs mutations. Cette pérennité constitue un atout majeur face aux dispositifs d’aide à l’accession classiques.
Le succès du BRS dépend largement de l’implication des collectivités territoriales et des opérateurs immobiliers sociaux dans la création d’OFS et la production de logements sous ce régime. Son développement représente un enjeu important pour répondre aux besoins de logement abordable dans les métropoles et contribuer à la mixité sociale des territoires.
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