Comment Boris Ier a-t-il marqué l’histoire en Bulgarie tout en devenant moine ?

Boris Ier de Bulgarie, figure énigmatique du Moyen Âge, est souvent dépeint comme un roi pieux et visionnaire. Pourtant, son règne, entre 852 et 889, est également marqué par des actes de brutalité qui semblent en contradiction avec sa conversion au christianisme. Devenu le premier souverain chrétien de Bulgarie, Boris n’a pas hésité à imposer sa foi et à prendre des décisions radicales pour sauvegarder son royaume.

Une Conversion Stratégique

En 864, Boris Ier, qui portait à l’origine le nom de Boris-Michel après son baptême, a marqué un tournant dans l’histoire de la Bulgarie. Cette conversion au christianisme, influencée par l’empereur byzantin Michel III, n’était pas seulement un acte spirituel mais aussi un mouvement stratégique pour asseoir son pouvoir. En abandonnant les anciennes croyances païennes, Boris a cherché à renforcer l’unité de son peuple et à s’éloigner de l’influence du tengrisme, religion traditionnelle des Bulgares.

Cependant, tous dans le royaume ne partagent pas sa vision chrétienne. Son fils aîné, Vladimir, en particulier, est un fervent défenseur de l’ancienne foi. Lorsque Boris décide de se retirer dans un monastère en 889 pour mener une vie pieuse, il transmet la couronne à Vladimir. Très vite, le nouveau souverain tente de restaurer le tengrisme, ce qui provoque la colère de Boris.

Un Retour Brutal au Pouvoir

Loin de l’idée que Boris s’était complètement retiré du monde, il montre qu’il est toujours prêt à défendre ses convictions. Lorsqu’il apprend que son fils complote pour rétablir les anciennes traditions païennes, Boris sort de sa retraite monastique et reprend les rênes du pouvoir. Non seulement il vainc Vladimir, mais il le punit de manière particulièrement sévère en lui crevant les yeux, une méthode brutale utilisée à l’époque pour écarter définitivement quelqu’un du pouvoir.

Boris ne s’arrête pas là. Il place son autre fils, Siméon, sur le trône et le prévient que toute tentative de suivre l’exemple de Vladimir entraînera le même châtiment. Siméon, sage, se montre obéissant et devient l’un des plus grands rois de Bulgarie, assurant la continuité de la vision chrétienne de son père.

Une Figure Saintifiée

Malgré ces actions violentes, Boris Ier reste vénéré dans l’Église orthodoxe comme un saint, sous le titre de saint isapostole (égal aux apôtres). Sa fête est célébrée chaque année le 2 mai. Il est respecté non seulement pour avoir introduit le christianisme en Bulgarie, mais aussi pour avoir posé les bases d’une nation unie sous une foi unique, dans une région longtemps tiraillée entre paganisme et christianisme.

Il est fascinant de constater comment Boris Ier a su jongler entre la brutalité du pouvoir et la piété chrétienne. Sa vie est le parfait exemple de ces souverains médiévaux dont les actions, parfois contradictoires, sont motivées par un mélange de convictions religieuses, de stratégie politique et de volonté de contrôler le destin de leur royaume.

Les Alliances et les Guerres

Sur le plan international, Boris n’a pas seulement été un acteur religieux, mais aussi un habile stratège politique. Au cours de son règne, il a su naviguer à travers des alliances complexes avec des puissances telles que les Francs et les Byzantins. Malgré une défaite cuisante en Serbie et des tensions avec l’Empire byzantin, Boris parvient à maintenir l’intégrité territoriale de son royaume.

Par son habileté diplomatique, il s’allie avec Louis II de Germanie contre les royaumes slaves voisins, cherchant à protéger la Bulgarie des menaces extérieures. Ses efforts, bien que parfois couronnés d’échec, montrent à quel point il était déterminé à préserver son royaume, même au prix de concessions territoriales ou de revers militaires.

L’Héritage de Boris Ier

Boris Ier est resté une figure ambivalente dans l’histoire de la Bulgarie. Saint pour certains, tyran pour d’autres, son règne soulève des questions sur la nature du pouvoir à l’époque médiévale. Était-il un visionnaire cherchant à moderniser et unifier son royaume, ou un despote prêt à tout pour imposer ses volontés, même au détriment de ses propres enfants ?

Quoi qu’il en soit, son rôle dans l’établissement du christianisme en Bulgarie ne peut être minimisé. Grâce à lui, la Bulgarie est devenue l’un des premiers États chrétiens d’Europe de l’Est, et son impact se fait encore sentir aujourd’hui, non seulement dans l’Église orthodoxe, mais aussi dans la culture bulgare.

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