Kémi Séba : Militant Panafricaniste et Polémiste Controversé
Selon un décret daté du 8 juillet, mais publié le 9 juillet au journal officiel, Kémi Séba, de son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, a perdu sa nationalité française sur avis conforme du Conseil d’État. Ce militant panafricaniste et président de l’organisation Urgences panafricanistes, connu pour son activisme contre le néocolonialisme, est une figure polarisante parmi les diasporas africaines.
Le Contexte de la Décision
En février dernier, le ministère de l’Intérieur avait entamé une procédure pour retirer la nationalité française de Kémi Séba. L’activiste, qui critique ouvertement la présence française en Afrique, se félicite de cette décision sur le réseau social X. Pourtant, ses liens avec la Russie et l’Iran lui ont attiré des critiques sévères de la part des autorités françaises.
Les Liens Troubles avec la Russie et l’Iran
Depuis plusieurs années, Kémi Séba a entretenu des relations étroites avec la Russie et l’Iran. Il est proche des régimes militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger, qui ont formé en novembre 2023 la nouvelle Alliance des États du Sahel. Ses détracteurs le qualifient souvent « d’agent de désinformation contre les intérêts français ».
Révélations sur le Groupe Wagner
L’an dernier, des documents internes du groupe Wagner, divulgués par Die Welt, All Eyes On Wagner et Jeune Afrique, ont révélé que Kémi Séba avait été financé par des sociétés d’Evgueni Prigojine, le fondateur du groupe russe, entre mai 2018 et juillet 2019. Durant cette période, il a reçu près de 440 000 euros. Wagner prévoyait également de lui financer un parti politique.
Les Positions Anti-Françaises de Kémi Séba
Kémi Séba a utilisé ces fonds pour diffuser la propagande anti-française du Kremlin en Afrique. Par exemple, lors d’un déplacement au Niger en mai dernier, il affirmait qu’une base française était présente au Bénin et qu’elle utilisait des légionnaires noirs pour déstabiliser le Niger. En 2019, il avait participé à une opération d’influence de Wagner pendant la présidentielle à Madagascar.
Les Accusations du Ministère de l’Intérieur Français
Dans une lettre datée du 29 février, le ministère de l’Intérieur français a accusé Kémi Séba de comportement et de propos « révélant une posture constante et actuelle résolument anti-française ». Il a organisé ou participé à plusieurs manifestations hostiles au franc CFA en Afrique, où il a souvent été interpellé, expulsé ou refoulé, notamment en Côte d’Ivoire, au Sénégal et en Guinée.
La Réaction de Kémi Séba
En réponse à ces accusations, Kémi Séba a brûlé son passeport français devant une foule de partisans le 16 mars dernier. Sur ses réseaux sociaux, il affirme être « libéré du fardeau de la nationalité française » et voit dans cette déchéance une « reconnaissance pour son travail politique contre la Françafrique ».
Les Conditions de la Déchéance de Nationalité
Kémi Séba dispose également de la nationalité béninoise. Selon l’administration française, trois conditions devaient être réunies pour lui retirer la nationalité française : disposer de la nationalité d’un autre État, se comporter comme un citoyen de cet État et avoir commis des actes contraires aux intérêts de la France.
Conclusion
La déchéance de nationalité française de Kémi Séba marque un tournant significatif dans la manière dont la France traite les militants et activistes jugés hostiles à ses intérêts. Cette décision soulève des questions sur les limites de la liberté d’expression et l’influence des puissances étrangères sur les activistes africains.