Idleb, Hama, Homs : les bastions tombent, Damas en ligne de mire
Depuis le 27 novembre, la guerre civile syrienne, qui déchire le pays depuis 2011, a pris une tournure inattendue. Les rebelles, regroupés sous la coalition Hayat Tahrir al-Sham (HTS) dirigée par Abou Mohammed al-Jolani, ont conquis plusieurs bastions clés. En l’espace d’une semaine, des villes stratégiques comme Alep, Hama et Deraa sont tombées, redessinant les cartes du conflit.
Le régime de Bachar al-Assad vacille, alors que les forces gouvernementales reculent face à une offensive d’une ampleur et d’une rapidité inédites. Cette avancée bénéficie d’un soutien décisif de la Turquie, pays voisin et pilier stratégique pour les groupes rebelles.
La chute de Hama, un symbole historique
La capture de Hama marque un moment fort. La ville porte encore les cicatrices du massacre de 1982, orchestré par Hafez al-Assad, le père de l’actuel président. La scène d’une statue déboulonnée de l’ex-président traînée dans les rues est devenue un symbole de cette révolution.
Ghaith Souleimane, habitant de Hama, confie : « Notre joie est indescriptible. » Cependant, l’enthousiasme des rebelles n’est pas partagé par tous. Les minorités alaouites, soutiens historiques d’Assad, fuient massivement vers la côte méditerranéenne.
Une guerre fragmentée, des alliances mouvantes
Le conflit syrien est devenu un terrain d’affrontements par procuration, où des puissances régionales et mondiales s’affrontent indirectement. La Russie, alliée historique du régime, est contrainte de réévaluer son engagement en Syrie, en raison de sa guerre en Ukraine.
L’Iran, quant à lui, réaffirme son soutien indéfectible à Assad, tandis que la Turquie renforce son rôle de soutien logistique et militaire aux rebelles. Ces évolutions redessinent les lignes de front et complexifient davantage une guerre déjà multiforme.
Des populations en fuite, une crise humanitaire aggravée
Les combats ont entraîné le déplacement de plus de 370 000 personnes en quelques jours seulement, selon l’ONU. À Homs, ville désormais encerclée par les rebelles, des dizaines de milliers d’habitants fuient vers des zones plus sécurisées.
Yazan, ancien militant antirégime aujourd’hui réfugié en France, exprime son espoir : « Peu importe qui mène cette offensive. L’essentiel est de libérer ce pays du clan Assad. »
Deraa : le berceau de la révolte reprend vie
La province de Deraa, où les premières manifestations contre Assad ont éclaté en 2011, est aujourd’hui quasiment sous contrôle rebelle. Cet évènement est lourd de symboles pour ceux qui ont porté les premiers espoirs de changement.
Des frappes aériennes meurtrières
Le retrait des troupes gouvernementales ne s’est pas fait sans violence. Des raids aériens menés conjointement par la Russie et la Syrie ont tué au moins 20 civils, dont cinq enfants, dans les villages proches de Homs.
Ces pertes humaines rappellent que, malgré leurs revers, les forces pro-Assad conservent des moyens destructeurs pour riposter.
Une nouvelle dynamique politique
Face à cette avancée rapide, Mazloum Abdi, chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), s’est dit ouvert au dialogue avec les rebelles et même avec la Turquie. Cette posture marque un tournant, tant les alliances traditionnelles semblent se fracturer sous l’effet des récents bouleversements.
Les grandes questions restent ouvertes
L’offensive rebelle est-elle un tournant décisif dans la guerre civile syrienne ? La chute de Damas est-elle imminente, ou Assad et ses alliés pourront-ils inverser la tendance ? Ces interrogations alimentent les spéculations au sein de la communauté internationale, alors que les appels à la protection des civils se multiplient.