Le film La cuisine au beurre, comédie culte des années 60 réalisée par Gilles Grangier, réunissait deux géants du cinéma français : Fernandel et Bourvil. Si l’alchimie semblait parfaite à l’écran, les coulisses révèlent une rivalité bien plus amère. Ce duo, formé pour combler les attentes des spectateurs, cache une querelle d’égo qui marquera le tournage à jamais.
Fernandel, icône marseillaise, était admiré par Bourvil depuis toujours. Le Normand, influencé dès ses débuts par le comédien du Sud, choisit même Andrel comme premier pseudonyme, en hommage à son modèle. Mais l’idylle fut de courte durée : dès les premiers jours de tournage, l’admiration de Bourvil se heurte à l’arrogance de Fernandel. Mécontent du scénario, qu’il découvre tardivement, Fernandel claque la porte et abandonne l’équipe pour un mois. Son retour se fait sous des auspices tendus : chauffeur, Mercedes et mépris affiché, notamment envers la jeune actrice Claire Maurier, qui joue sa femme à l’écran.
Ce climat tendu pèse également sur Bourvil. La star, connue pour sa modestie, devient la cible de Fernandel lors des scènes communes. En plein tournage, celui-ci manœuvre pour éclipser son partenaire en l’obligeant à tourner le dos à la caméra. La patience du Normand a des limites : Bourvil ne se laisse pas faire. Il exige plus de présence à l’écran et des dialogues rééquilibrés, luttant scène après scène pour récupérer l’espace volé par son rival.
Épuisé par ce bras de fer, Bourvil termine le film avec un goût amer. L’apothéose de leur discorde arrive quelques semaines plus tard, lors de la cérémonie du prix Courteline, qui récompense le succès en salle de La cuisine au beurre. Écoeuré, Bourvil refuse de participer à la soirée. Cette guerre des stars, pourtant invisible aux yeux du public, rappelle que le succès ne suffit pas toujours à apaiser les ego.
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