Des douilles comme message : Une dénonciation symbolique ?
L’assassinat de Brian Thompson, directeur de la division d’assurance santé de UnitedHealthcare, a soulevé des interrogations inédites sur le fonctionnement opaque des compagnies d’assurance. Sur les douilles retrouvées sur les lieux du crime, des mots lourds de sens : « deny » (refuser), « defend » (défendre) et « depose » (destituer). Ces inscriptions ont ravivé un débat national autour des pratiques controversées de refus de prise en charge des compagnies d’assurance.

Les taux de refus : Une frustration persistante
Le refus des réclamations d’assurance est une source constante de mécontentement pour les assurés. Pourtant, peu de données concrètes sont accessibles sur ces pratiques. Bien que la loi américaine sur les soins abordables (Affordable Care Act) ait introduit une obligation de transparence en 2010, cette mesure reste largement inappliquée. Les compagnies comme UnitedHealth exploitent ce flou réglementaire, alimentant la frustration des consommateurs.
Un rapport d’Experian Health révèle qu’entre 2022 et 2024, 75 % des prestataires de santé ont constaté une augmentation des refus de réclamations. Une tendance qui exacerbe les tensions entre les assurés et les assureurs, alors même que les profits des entreprises du secteur explosent.
Une manifestation, puis le drame
En juillet dernier, 150 manifestants se sont rassemblés devant le siège de UnitedHealth à Minnetonka, dans le Minnesota, dénonçant les refus de soins. Onze personnes ont été arrêtées lors de cette mobilisation organisée par le People’s Action Institute. L’organisation reproche à UnitedHealth de prioriser ses profits au détriment des soins essentiels.
Quelques mois plus tard, l’assassinat de Brian Thompson a choqué l’opinion publique. Bien que les motivations restent floues, certains voient un lien entre ce crime et les critiques persistantes envers les pratiques d’UnitedHealthcare.
Des profits records malgré les critiques
Malgré les controverses, UnitedHealth continue d’afficher des résultats financiers impressionnants. Entre janvier et septembre 2024, l’entreprise a déclaré un bénéfice net de 8,66 milliards de dollars pour un chiffre d’affaires de 299 milliards. Une large part de ces revenus, soit 232 milliards, provient des primes d’assurance.
En comparaison, l’entreprise avait généré 192 milliards de dollars de revenus sur la même période en 2020. Ces chiffres témoignent d’une augmentation substantielle, mais soulèvent des questions sur la répartition de ces gains face aux besoins non satisfaits des assurés.
Réactions sur les réseaux sociaux
Sur LinkedIn, la publication de Brian Thompson concernant l’accessibilité des soins a été inondée de commentaires critiques. Parmi eux, Lisa Galeski, atteinte d’un cancer métastatique de stade 4, partage sa colère :
« Nous avons quitté UnitedHealthcare à cause des refus constants pour mes médicaments. Chaque mois, une nouvelle excuse. Nous avons dépassé les 20 000 $ de dépenses hors de notre poche. »
Cette frustration est partagée par des milliers d’assurés qui dénoncent un manque de transparence et une multiplication des obstacles pour accéder aux soins nécessaires.
Une crise à double visage
L’assassinat de Thompson met en lumière deux crises majeures aux États-Unis : celle de la violence armée et celle du refus systématique de soins par les compagnies d’assurance. Le People’s Action Institute, tout en condamnant fermement cet acte violent, appelle à une réforme urgente du système :
« Nous faisons face à deux crises : la violence par armes à feu et les refus de soins. Les dirigeants doivent agir sur les deux fronts. »