Le procès des viols de Mazan : le candaulisme peut-il vraiment être consenti ?

C’est quoi le candaulisme, cette pratique sexuelle au cœur du procès des viols de Mazan ?
Le procès des viols de Mazan secoue l’opinion publique avec des révélations sordides autour du candaulisme, une pratique qui soulève des questions sur le consentement et la violence. Mais de quoi s’agit-il réellement ? Souvent associé au voyeurisme, le candaulisme désigne le plaisir d’un individu à observer son partenaire avoir des relations sexuelles avec une autre personne. Lorsque pratiqué dans le cadre de relations consenties, le candaulisme peut être un jeu érotique entre adultes. Cependant, dans le cadre de ce procès, cette pratique prend une tournure dramatique, alimentée par l’absence de consentement et l’usage de substances chimiques pour soumettre la victime.

Dominique Pelicot, l’accusé principal dans cette affaire, est décrit par des psychologues comme un amateur de cette pratique sexuelle. Il est accusé d’avoir drogué son épouse, Gisèle Pelicot, de 2011 à 2020, pour qu’elle soit violée par des dizaines d’hommes, qu’il recrutait sur internet. Ces crimes sont au cœur du procès des viols de Mazan, où l’horreur s’entremêle à la perversité d’une pratique dévoyée.

Des vidéos choquantes diffusées lors du procès
Le 22e jour du procès a marqué un tournant. Après un débat tendu entre les parties, la cour criminelle de Vaucluse, sous la présidence de Roger Arata, a décidé de rendre publiques des vidéos et photos des viols. Ces preuves, minutieusement conservées par Dominique Pelicot, montrent les agressions perpétrées contre son épouse inconsciente. Pour la première fois, ces images ont été diffusées en présence du public et de la presse. Une diffusion qui a secoué la salle d’audience et une salle annexe où une soixantaine de personnes se sont massées pour assister à ce moment de vérité glaçant.

Gisèle Pelicot, assise parmi les parties civiles, semblait absorber ce moment avec une froideur implacable, le regard rivé sur son téléphone portable. Face à elle, dans le box des accusés, son ex-mari cachait ses yeux, incapable d’affronter les images de ses propres crimes. Les autres accusés, quant à eux, ont adopté des attitudes variées, oscillant entre l’indifférence et l’incrédulité face à ces vidéos accablantes.

Le candaulisme, un fantasme ou un crime ?
Si le candaulisme est perçu par certains comme une pratique libertine où le consentement est la clé, l’affaire Pelicot a révélé une réalité tout autre : la frontière est mince entre le fantasme et l’horreur, quand le consentement est manipulé ou inexistant. La soumission chimique – l’utilisation de drogues pour priver une personne de son libre arbitre – transforme ici une pratique perçue comme libertine en un crime odieux.

Lors du procès, la défense des accusés a constamment mis en avant qu’ils pensaient participer à un « scénario libertin », où tout était joué d’avance, y compris le comportement de Gisèle Pelicot, droguée et inconsciente. Certains affirment n’avoir jamais remarqué son état d’inconscience, tandis que d’autres prétendent avoir été intimidés par Dominique Pelicot.

Des accusations qui divisent
L’affaire a divisé la salle d’audience. D’un côté, les avocats de la victime, qui voient dans la diffusion de ces vidéos une preuve irréfutable des crimes commis et un moyen d’abattre la défense fragile des accusés. De l’autre, les avocats de la défense dénoncent la « nausée » que ces images provoquent, arguant qu’elles ne sont pas nécessaires pour juger leurs clients. Me Olivier Lantelme, l’un des avocats des accusés, a même déclaré : « La justice n’a pas besoin de ça pour passer. »

Pourtant, aux yeux de Me Stéphane Babonneau, avocat de Gisèle Pelicot, ces vidéos démolissent la thèse du « viol accidentel » et dévoilent une réalité encore plus sombre : la haine de la femme. Il a salué la décision de rendre ces preuves accessibles au public, la qualifiant de « victoire dans un combat qui n’aurait jamais dû être mené. »

Un verdict attendu en décembre
Alors que le verdict est attendu pour la mi-décembre, ce procès reste un exemple flagrant des dangers liés au non-consentement et à l’usage de substances pour manipuler des personnes vulnérables. Il soulève des questions cruciales sur les limites du libertinage, le rôle du consentement et les moyens utilisés pour abuser de ce dernier.

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