Cannabis : Un Traitement Révolutionnaire pour la Dépendance en Vue ?

RECHERCHE • Les premiers résultats sont prometteurs, mais les essais cliniques en sont à leurs débuts.

Actuellement, aucun traitement n’existe pour lutter efficacement contre l’addiction au cannabis. Cependant, le professeur Pier-Vincenzo Piazza, psychiatre, neurobiologiste et lauréat du Grand prix de l’Inserm, travaille depuis plus de dix ans sur une solution révolutionnaire. Il s’agit d’un médicament potentiel appelé AEF0117, qui pourrait marquer un tournant majeur dans la prise en charge de cette dépendance.

Un Médicament Prometteur : L’AEF0117

Fonctionnement et Innovations

Le développement d’AEF0117 se base sur une approche innovante en ciblant spécifiquement un récepteur dans le cerveau, le CB1. Le THC, principal composant actif du cannabis, entraîne une hyperactivation de ce récepteur, provoquant les effets d’addiction. L’équipe du professeur Piazza a donc mis au point une molécule visant à inhiber la signalisation pathologique du CB1, sans affecter ses fonctions normales, évitant ainsi les effets secondaires graves des précédentes tentatives de traitements.

Des Effets Multiples et Bénéfiques

Réduction des Effets Euphorisants et de l’Envie de Consommation

Les premiers tests de l’AEF0117 ont révélé un « triple effet kiss cool ». Premièrement, cette molécule réduit les effets euphorisants du THC. Les personnes dépendantes ressentent moins de plaisir à consommer du cannabis, rendant l’acte de fumer moins attrayant.

Deuxièmement, les utilisateurs du médicament éprouvent une diminution de l’envie de consommer du cannabis.

Troisièmement, l’AEF0117 ne provoque pas de syndrome de sevrage précipité, une réaction courante qui entraîne une forte anxiété et des troubles du sommeil et de l’appétit chez 50 % des personnes arrêtant brusquement leur consommation.

Études Cliniques : Premiers Résultats Encourangeants

Avancées et Perspectives

Les études cliniques menées jusqu’à présent offrent des résultats encourageants. Aux États-Unis, deux essais de phase 1 sur des animaux ont démontré une bonne tolérance à l’AEF0117, même à des doses élevées. Une première série de tests sur des humains a également été réalisée. Pendant cinq jours, 29 consommateurs réguliers de cannabis ont été divisés en deux groupes recevant soit 0,06 mg, soit 1 mg d’AEF0117. Les résultats ont montré une baisse de la sensation de bien-être et d’euphorie liée à la consommation de cannabis, avec une réduction notable de la consommation quotidienne chez ceux ayant reçu la dose la plus élevée.

Une Étape Cruciale : La Phase de Test Avancée

Vers une Potentielle Commercialisation

Une seconde phase de test plus étendue vient de s’achever, impliquant 333 personnes dépendantes réparties dans onze cliniques américaines. Quatre groupes ont été formés, trois recevant des doses variées d’AEF0117 et un recevant un placebo. Cette étude, la plus importante jamais menée pour le traitement de l’addiction au cannabis, vise à valider l’efficacité et la tolérance du médicament sur une période de trois mois. Les résultats de cette phase seront connus au troisième trimestre 2024.

Si les résultats sont positifs et que le médicament est approuvé par la FDA, des études supplémentaires seront nécessaires aux États-Unis et en Europe avant une possible commercialisation. Le professeur Piazza se montre optimiste quant à l’avenir de cette molécule.

En Conclusion : Un Espoir pour les Dépendants au Cannabis

Le potentiel de l’AEF0117 représente une avancée significative dans le traitement de l’addiction au cannabis. Avec environ 900.000 consommateurs quotidiens en France selon l’OFDT, l’arrivée d’un tel médicament pourrait avoir un impact considérable sur la santé publique.

Source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *