Après plus de sept mois d’opposition et de suspense, la France a finalement décidé de ratifier l’AI Act, marquant une étape cruciale dans la régulation de l’intelligence artificielle en Europe. Le projet de règlement européen a été unanimement validé par les ambassadeurs des vingt-sept pays de l’Union européenne réunis à Bruxelles, malgré les efforts du gouvernement français pour influencer le texte.
Le commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, s’est félicité de cette avancée, qualifiant la réglementation d' »historique » et de « première mondiale ». Cependant, la France, fervente défenseure de l’innovation, a dû faire face à un compromis délicat entre sécurité et créativité, laissant transparaître un revers à court terme pour un gain espéré à long terme.
Le gouvernement français, dirigé par le président Emmanuel Macron, a cherché jusqu’au dernier jour à obtenir des concessions supplémentaires, notamment en ce qui concerne la régulation des « modèles de fondation », des logiciels créateurs de texte ou d’image. Des entreprises françaises et des géants comme Google et OpenAI sont concernés, suscitant des inquiétudes quant à la transparence des données d’entraînement de ces modèles.
Bercy et l’Élysée ont tenté de limiter la diffusion de ces données à un « tiers de confiance », tel que le bureau européen de l’IA créé par l’AI Act. De plus, la France a plaidé pour un relèvement du seuil de puissance informatique définissant les modèles « systémiques », soumis à des obligations renforcées d’évaluation et d’atténuation des risques tels que le biais, la désinformation et les erreurs.
Malgré l’acceptation de l’AI Act, la France a imposé des conditions strictes pour éviter tout excès de contraintes administratives entravant le développement de la technologie. Paris insiste sur un équilibre entre transparence et préservation des secrets industriels, soulignant l’importance du respect du secret des affaires et des risques systémiques.
Les mois de négociations intenses au sein de l’Union européenne ont abouti à un texte ambitieux, considéré comme une première mondiale dans la régulation de l’intelligence artificielle. Cependant, les conditions posées par la France illustrent la complexité de trouver un compromis entre innovation et sécurité dans ce domaine en constante évolution.