Publicis, le géant français de la publicité, va verser 350 millions de dollars américains aux États-Unis en raison de son implication dans la crise des opioïdes qui a causé des centaines de milliers de décès depuis 1999. Cette décision marque la première fois qu’une agence de publicité conclut un accord avec la justice dans le contexte de cette crise, selon le bureau de Letitia James, procureure de l’État de New York.
L’accord conclu avec Publicis Health prévoit une indemnisation répartie entre tous les États et plusieurs territoires américains. La Californie recevra la plus grande part (34 millions de dollars), suivie de la Floride (24,10 millions) et du Texas (21,59 millions), tandis que l’État de New York obtiendra près de 19 millions de dollars.
Pendant une décennie, Publicis a collaboré avec des fabricants d’opiacés tels que Purdue Pharma pour persuader les médecins de prescrire de manière excessive des opiacés, alimentant ainsi directement la crise des opioïdes à l’échelle nationale, a déclaré Letitia James. Elle estime que Publicis a mis en place des stratégies de marketing prédatrices pour augmenter les ventes d’opiacés, en créant des prospectus décrivant l’OxyContin comme un traitement sûr et non propice à l’abus.
L’OxyContin, produit par le laboratoire Purdue, est considéré comme le déclencheur de la crise des opioïdes aux États-Unis. Selon les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), plus de 700 000 personnes ont succombé à des overdoses liées aux opiacés entre 1999 et 2022.
Publicis Health a déclaré que les activités incriminées avaient été réalisées par l’agence Rosetta, rachetée en 2011 et fermée dix ans plus tard. L’accord de règlement, conclu après trois années de négociations, aboutit à un paiement net de 148 millions d’euros, selon Publicis Health, qui affirme qu’il ne constitue pas une reconnaissance de faute.
Le groupe, faisant face à de nombreuses poursuites, a souligné que le travail de Rosetta pour des entreprises pharmaceutiques était toujours conforme à la loi.
Le laboratoire Purdue, à l’origine de l’OxyContin, est en faillite depuis 2019 et négocie un plan prévoyant sa fermeture aux États-Unis d’ici 2024, avec un paiement d’au moins 5,5 milliards de dollars sur 18 ans. La Cour suprême américaine doit approuver ou annuler cet accord.
Le bureau du procureur annonce également un accord avec le laboratoire Hikma Pharmaceuticals, basé au Royaume-Uni, qui paiera 150 millions de dollars pour son rôle dans la crise des opioïdes, ne surveillant ni ne signalant les commandes suspectes d’opiacés entre 2006 et 2021.
Le cabinet McKinsey a déjà accepté de verser 573 millions de dollars pour sa contribution à la crise des opioïdes en 2021. D’autres acteurs du secteur pharmaceutique, tels que CVS, Walgreens et Walmart, ont également été poursuivis.