Qu’est-ce que Wero et pourquoi remplacer Paylib ?
Avec l’avènement de Wero, un nouveau service de paiement numérique, les banques européennes veulent contrer la domination américaine sur le marché des paiements. Mais en quoi ce service se distingue-t-il réellement ? Remplaçant Paylib, Wero promet d’offrir une alternative 100 % européenne aux géants comme Paypal, Apple Pay, et Google Pay. Les institutions financières européennes y voient un moyen de retrouver leur autonomie face à Visa et Mastercard, acteurs dominants du secteur depuis des décennies.
L’idée derrière Wero est simple : créer un portefeuille de paiement mobile conçu par et pour les banques européennes. Ce projet, piloté par l’initiative European Payments Initiative (EPI), regroupe plusieurs banques majeures telles que La Banque Postale, Crédit Agricole, BNP Paribas et Société Générale. Avec un lancement prévu pour janvier 2025, ce service espère conquérir le marché en France et dans d’autres pays européens comme la Belgique, le Luxembourg, et les Pays-Bas.

Des virements instantanés et un écosystème européen en expansion
Pour l’instant, Wero permet des virements instantanés entre particuliers, mais la vraie révolution réside dans ses ambitions à long terme. En effet, les banques européennes ne veulent pas se contenter d’un simple outil de paiement P2P. L’objectif est de devenir une solution incontournable dans les paiements en ligne et dans les magasins, en proposant des services additionnels qui renforceront la relation quotidienne entre les banques et leurs clients.
Martina Weimert, directrice générale d’EPI, explique : « Nous souhaitons offrir aux consommateurs européens un véritable choix, indépendant des solutions américaines ». Un tel système pourrait devenir essentiel dans un contexte où les acteurs bancaires cherchent à se démarquer par des innovations technologiques tout en préservant leur indépendance.
Comment fonctionne Wero ?
Wero a été conçu pour une utilisation simple et fluide. Comme ses concurrents, il permet de transférer de l’argent en quelques clics, à condition de connaître l’adresse e-mail ou le numéro de téléphone du destinataire. Toutefois, une option innovante se démarque : la génération de codes QR individuels, permettant de recevoir des paiements sans avoir à divulguer son numéro de téléphone. Ce détail pourrait séduire ceux qui privilégient la confidentialité dans leurs transactions.
Le service sera gratuit pour les utilisateurs dans les pays partenaires, mais certaines banques pourraient décider d’appliquer des frais supplémentaires, notamment en ce qui concerne la gestion des comptes. Quant à l’évolution de Wero dans le secteur des paiements en magasin, il faudra attendre 2026 pour voir une utilisation élargie via des codes QR, permettant aux clients de scanner leur achat directement avec leur smartphone.

Quelle adoption en France ?
En France, les banques impliquées dans le projet Wero sont nombreuses et couvrent déjà un large public grâce à Paylib. Le calendrier de déploiement progressif est déjà bien défini :
- BNP Paribas : 24 octobre 2024
- BPCE : du 2 septembre au 2 octobre 2024
- Crédit Agricole : 26 septembre 2024
- Crédit Mutuel Alliance Fédérale : 25 septembre au 6 novembre 2024
- La Banque Postale : 28 octobre 2024
- Société Générale : à partir du 24 octobre 2024
- Crédit Mutuel Arkéa : janvier 2025
L’ensemble des clients qui utilisent déjà Paylib pourront progressivement migrer vers Wero, le service étant directement intégré dans les applications bancaires habituelles sous l’onglet « Virement ». Les utilisateurs de Paylib pourront encore l’utiliser pendant une période de transition, assurant une compatibilité entre les deux systèmes.
L’enjeu : une indépendance technologique européenne
Si Wero ne remplace Paylib que progressivement, son objectif final est bien plus ambitieux. Derrière ce portefeuille numérique se cache une volonté farouche des banques européennes de s’imposer face aux mastodontes américains. Guillaume Petipas, associé cartes et paiements chez KPMG, souligne : « Le véritable défi sera de s’imposer dans les paiements en ligne et en magasin. Cela permettra de proposer des services complémentaires et de maintenir une relation de confiance avec les clients ».
Cette quête d’indépendance est stratégique pour les banques qui voient dans Wero un moyen de renforcer leur souveraineté numérique. Les questions autour de la confidentialité des données et de la protection des transactions sont au cœur des préoccupations. En offrant une alternative aux géants américains, les banques européennes espèrent également regagner la confiance des utilisateurs souvent inquiets de l’utilisation de leurs données personnelles par des entreprises basées en dehors de l’UE.
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